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Troisième soirée du Nancy Jazz Pulsations, alors que le chapiteau de la pépinière résonne sous les accords de Poppa Chubby pour la soirée blues, L’Autre Canal propose une soirée plus confidentielle avec deux fines lames de la pop actuelle.
King Charles, jeune dandy anglais à la coiffe d’Amy Winehouse, investit la scène avec son groupe. La formation londonienne distille une musique protéiforme, où les influences orientales s’entrechoquent avec des rythmiques occidentales, les harmonies pop avec des rythmes afro, zouk, quelques touches électro… La petite bande construit des mélodies hypnotisantes, à la croisée de Brian Jonestown Massacre et d’Izabo. Sur scène, les titres biscornus de « Loveblood », premier album de King Charles, créent une atmosphère envoûtante et séduisent facilement par leur créativité. Le décor pop est planté et permet d’accueillir Rover et ses longues mélopées pop. Le breton, peu loquace, interprète ses titres avec une précision fidèle (trop ?) à l’album. Aqualast, Silver, Lou… les envolées lyriques impressionnent par leur intensité et la palette vocale de l’armoire à glaces. Les musiciens qui entourent Rover et leurs nombreux instruments attestent de la richesse de ses compositions qui lui valent les honneurs depuis près d’un an. Le set est joué en 45 min, sans rappel et sans présentation des musiciens. Quand c’est bon, c’est forcément trop court… Le set fut parfaitement maîtrisé, émouvant mais sans grande surprise, hormis un nouveau titre plutôt prometteur.
King Charles et Rover ont offert un beau voyage dans leurs univers pop planant, mais l’atterissage est plutôt brutal. Une autre soirée programmée quelques minutes après nécessite de vider la salle très rapidement, sans rappels, sans dernier verre. Les lois du marché s’imposent désormais aussi à la programmation orgiesque du NJP. Dommage, car des concerts comme ceux-ci sont rares et précieux.
Crédit photo : Peggy Manceau