"> Dead Can Dance @ Palais des Congrès - 14 mars 2005 - Live Report - Indiepoprock

Dead Can Dance @ Palais des Congrès – 14 mars 2005


Malgré le succès de leurs prestations, la tournée qui s’était déroulée en 1996 avait un goût amer. Leur séparation annoncée avait plongé les fans dans un profond désarroi et ce ne sont pas les groupes qui ont depuis tenté de s’avancer comme digne héritier, qui sont parvenus à les faire oublier. Le vide restait. Pourtant […]

Malgré le succès de leurs prestations, la tournée qui s’était déroulée en 1996 avait un goût amer. Leur séparation annoncée avait plongé les fans dans un profond désarroi et ce ne sont pas les groupes qui ont depuis tenté de s’avancer comme digne héritier, qui sont parvenus à les faire oublier. Le vide restait.

Pourtant ils n’avaient pas disparu du monde de la musique. Lisa Gerrard et Brendan Perry poursuivaient leur carrière en solo avec quand même une plus grande réussite pour la première en réalisant notamment quelques bandes-originales pour des films à gros budget (Gladiator, The Insider). Mais à part le superbe « The Mirror Pool », réalisé alors que le groupe existait encore, et peut-être sa dernière collaboration avec Patrick Cassidy, on restait loin des riches heures du groupe. Autant dire que lorsque le groupe a annoncé fin 2004, sa reformation pour une série de concerts, la joie était de retour dans les chaumières.

Ce concert au Palais des Congrès est donc des plus attendus. Complet depuis décembre comme la plupart des dates du groupe en Europe et aux Etats-Unis, Dead Can Dance arrive en terrain conquis. Un public de trentenaires avancés, pour ne pas dire de quadras, s’amasse dans des costumes de sortie de bureau, quelques corsets qui sentent un peu la naphtaline (« Si ma fille quand j’étais jeune, j’étais gothique, ton Manson n’a rien inventé ! »). Pourtant quand le noir se fait, alors chacun retrouve son âme de quinze ans.

Le groupe fait son entrée sur scène : Brendan toujours le crâne ras et le bouc au menton, Lisa dans une grande Robe de Cérémonie jaune (à priori car pas toujours évident avec le jeu des lumières). Ils sont entourés pour l’occasion de six musiciens essentiellement des claviers et des percussionnistes. Le public entre alors en communion dès les premières secondes de Nierika de « Spiritchaser » (finalement là où on en était resté). Après chaque morceau, c’est un tonnerre d’applaudissements et puis le silence (quasi) absolu, vraiment impressionnant. On sent pourtant que l’enthousiasme est plus important et sincère lors des morceaux de Dead Can Dance.

Car c’est peut-être l’un des reproches que l’on peut faire au groupe (sans doute le seul). Ils réalisent plutôt un concert de Lisa Gerrard et Brendan Perry de Dead Can Dance, alternant des morceaux de leurs créations solos ou dans le même esprit et des morceaux de leur carrière commune. Perry prend même l’aval, alors n’est-ce pas plutôt sa tournée avec en featuring Lisa Gerrard ? Ils réalisent un set un peu hétérogène avec des moments dans une tradition ethno-médiévale, d’autres plus folk ou au contraire beaucoup plus mystique, alors que Lisa est seule en scène derrière son pupitre lui aussi voilé pour la messe. Sans doute est-on un peu déçu sur le ce choix ou a-t-on l’impression de s’être fait un peu floué.

Le public se laisse prendre par la nostalgie, s’enflamme à l’écoute d’un Sanvean, du troublant Yulunga, The Wind That Shakes The Barley toujours a capella ou l’inquiétante reprise du Dreams made flesh de This Mortal Coil. Car s’il est bien une constante, ce sont les voix. La profondeur de Lisa Gerrard pénètre notre âme, les frissons parcourent (encore) notre colonne vertébrale. La maîtrise est toujours parfaite, la technique lui permet de partir dans le très grave puis de jouer avec des sonorités slaves, orientales ou africaines. Il ne faut pas pourtant oublier celle de Brendan, car si celle-ci est sans doute un peu moins impressionnante, elle n’en est pas moins remarquable et d’une grande assurance.

Pourtant le public semble un peu partagé à la sortie, entre le plaisir d’avoir retrouvé de vieux amis que l’on avait pas vu depuis une éternité, en ce disant qu’ils n’ont vraiment pas changé, mais dans le même temps peut-être un peu déçu, car nous par-contre nous avons sans doute un peu changé et on ne sait pas vraiment si on les suivrait dans de nouvelles aventures. Croisé au détour d’un blog (celui d’un certain FreakyDoll) : « A la sortie j’entends un commentaire ironique: « Ah ils se sont améliorés Deep Forest ». Je souris. » Moi aussi, pourtant en secret on espère malgré tout, après une telle prestation, ne pas avoir vu un feu de paille, mais bel et bien la renaissance d’un phénix.

Chroniqueur
  • Publication 524 vues14 mars 2005
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