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Une soirée post-rock nous attend à Glaz’art avec, comme tête d’affiche, le groupe finlandais Magyar Posse, qui présente enfin à Paris son dernier album, « Kings of Time », sorti au printemps. Les Français Porcelain et Utopium sont également de la fête.
Les normands de Porcelain se glissent sur la scène entre toutes sortes de luminaires du plus bel effet (heureusement, Ikéa est là…). Mais le groupe se retrouve ainsi à la limite du cliché du groupe pop mielleux, surtout lorsque le chanteur à la coiffure hype contorsionne son faciès pour simuler ses côtés plaintifs ou rêveurs. L’atmosphère reste tout de même langoureuse, allant de pair avec des compositions éthérées et des musiciens en place. Dans la lignée de l’opus précédent, le deuxième album prévu pour la rentrée 2005 promet une heure de musique calme, apaisante, tripante qu’il fera bon écouter, affalé dans un vieux canapé en cuir Conolly (pas de chez Ikéa).
Utopium est moins connu que les deux autres formations présentes ce soir mais risque de faire parler de lui à la sortie de son prochain album, fin 2005. Les compos de ce groupe franco-russo-portugo-mexicain naviguent entre post-rock et rock noisy. On peut y déceler des influences My Bloody Valentine ou Mogwaï et des côtés Smashing Pumpkins. Les guitares disto-delay se meuvent en épais murs du son et côtoient une voix plutôt discrète. En effet, Utopium laisse la part belle aux envolées planantes et hargneuses des six cordes en appuyant certaines parties par un chant assez pop en anglais. Le show n’est peut-être pas encore parfaitement rodé mais il reste sobre et envoie. A suivre de très près, donc.
Mais les 300 personnes qui remplissent Glaz’art sont essentiellement venus pour Magyar Posse. Les Finlandais sont encore rares en France et donc, très attendus par le public parisien. Etonnamment, question ambiance, on a davantage l’impression d’assister à un live des Strokes qu’à un concert de post-rock. Autre constat quelque peu étonnant : il y a au moins autant de filles que de garçons dans l’assemblée.
L’atmosphère sur scène est simple, colorée. La formation est assez classique : deux guitares, basse, batterie, avec un claviériste et bien sûr la violoniste. Les musiciens sont appliqués et on sent qu’ils ont quelques tournées européennes à leur actif. Les moments de calme sont entrecoupés par de soudaines montées tourbillonnantes qui prennent aux tripes. Les tubes des deux albums sont là ; on a l’impression d’entendre des classiques du rock tant les mélodies sont prenantes et les sonorités reconnaissables entre mille (Single spark, 77/78, Sota). Magyar Posse sort bel et bien du lot des groupes de post-rock ; les ambiances cinématographiques à la Ennio Morricone y sont sans doute pour beaucoup.
Au bout d’une heure de concert, Magyar Posse sont à Glaz’art comme chez eux, et même après un pain énorme du batteur, les musiciens se regardent et éclatent de rire en jouant. Cette complicité se retrouve aussi avec le public qui en redemande, même après trois rappels. D’ailleurs les Magyar hallucinent sur l’ambiance et montrent qu’ils sont heureux de jouer devant ce public conquis. Etonnant : la violoniste casse son chevalet pendant un rappel mais quitte la scène en riant.
Il fait au moins 40°C dans la salle. Le groupe, exténué, décide de boire un verre à l’extérieur avant de jouer un dernier morceau. Il n’y a pas vraiment de doute, les fans de Magyar Posse vont se multiplier et le groupe pourrait bien devenir une des références du genre (si ce n’est pas déjà fait), tels Mogwai, Mono ou Godspeed.