"> Barbara Carlotti @ L'Essaïon - 03 décembre 2005 - Live Report - Indiepoprock

Barbara Carlotti @ L’Essaïon – 03 décembre 2005


Barbara Carlotti provoque un come-back vers la pop élégante et mélancolique des sixties. On imagine le Paris chansonnier de la rive gauche s’énamourant du rock anglo-saxon, les Stones craquant pour Françoise Hardy, et Serge Gainsbourg délaissant Juliette Greco pour Melody Nelson. Que l’on est loin du Zénith. Sous les voûtes de la toute petite salle « […]

Barbara Carlotti provoque un come-back vers la pop élégante et mélancolique des sixties. On imagine le Paris chansonnier de la rive gauche s’énamourant du rock anglo-saxon, les Stones craquant pour Françoise Hardy, et Serge Gainsbourg délaissant Juliette Greco pour Melody Nelson.

Que l’on est loin du Zénith. Sous les voûtes de la toute petite salle « miouzikol » du théâtre de l’Essaïon, on ne compte qu’une trentaine de personnes dans le public. L’ambiance est intimiste et l’acoustique, parfaite. Sur scène, les musiciens s’installent les premiers : Jean-Pierre Petit à la guitare acoustique, Sébastien Hoog à la basse, Frank Mbouéké à la batterie, Benjamin Esdraffo au piano. Dès les premières mesures de Cannes, Barbara Carlotti arrive à pas feutrés sur ses hauts talons, vêtue d’une longue robe-chemisier noire, une mèche rebelle s’échappant de ses longs cheveux blonds pour tomber devant ses yeux. Elle arbore aussi cet air désabusé propre aux grandes dames de la chanson.

Que ce soit sur Tunis ou sur Les Lys Brisés, on frissonne à chaque rupture harmonique, chaque accord de La mineur. Il pleut ce soir à Paris, et c’est comme si le ciel se déchirait sur Barbara lorsqu’elle chante son amour perdu. La musicalité des mots et le spleen qui en découle convoquent inlassablement Verlaine. Avec grâce, les yeux fermés, la chanteuse semble caresser l’air de ses mains tendues. A sa gauche, Sébastien Hoog égraine les notes de sa basse comme d’une guitare électrique. Dans un style très La’s, il joue ensuite de la guitare douze cordes sur Trop Tard et A Rose for Emily, adaptation en français d’une chanson des Zombies. A force d’échanger sa place avec celle de Jean-Pierre Petit, il finit par se tromper. Il attrape machinalement une guitare sèche à sa droite, avant de se rendre compte qu’elle est désaccordée. Barbara rattrape le coup et lui propose (une fois la guitare réglée) de jouer une petite chanson acoustique, Mon corps alangui.

La musique se veut plus tortueuse sur Anaïs, dans la veine des albums expérimentaux de Gainsbourg. Nous voici à l’époque où Anaïs Nin rencontrait Henry Miller, « écrivain gangster », dixit Barbara, qui fait mine de tirer une belle vers le ciel, avant de déclamer quelques extraits sulfureux du journal d’Anaïs. L’influence de l’homme à la tête de chou n’est pas loin non plus quand il s’agit de chanter L’Argent. Barbara Carlotti lit quelques lignes de Marx, avant de quémander à tout va dans sa chanson : « donnez moi de l’argent et je dirais bonjour ». Le public sourit, la principale intéressée s’indigne avec malice : « cette chanson ne marche jamais, je ne vous remercie pas »

A la guitare, Jean-Pierre Petit se moque à son tour, au moment d’interpréter une chanson en anglais, « dans la langue de Keynes » : « foin de Marx ! ». Et à ceux qui dans le public en redemandent à la fin du morceau, il rétorque : « capitalistes ! »

Chroniqueur
  • Publication 352 vues3 décembre 2005
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