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Pour fêter la réédition de « Black Sheep Boy », leur dernière merveille en date, Okkervil River a gratifié l?Europe d?une tournée et Paris d?un concert exceptionnel. Ce mardi 2 mai, ils se produisaient pour la troisième fois à Paris en compagnie de H. Burns et de Mai.
L’excellent H. Burns a l?honneur de débuter cette soirée. Son folk intimiste, proche de celui de Will Oldham, est fort apprécié et on ne se lasse pas de l’entendre conter ses petites histoires de tous les jours. Sa voix, toujours à la limite de la cassure et son accent terriblement américain se prêtent à merveille à ce style de chansons. Parmi les plus belles compositions, on peut retenir Turning Grey, Hear the bells ou encore Footsteps. A noter, un duo surprise avec Travis Nielsen, le batteur d’Okkervil River sur le dernier morceau, collaboration sympathique et bien rythmée.
Suit le duo parisien de Mai, déjà aperçu en première partie de Troy Von Balthazar en novembre dernier. Tout en douceur, il arrive à charmer le public du Batofar avec sa musique en apesanteur. La voix de la jolie Johanna est tout à fait envoûtante et les reprises de Tina Turner et Kylie Minogue plaisent. Les applaudissements se font plus soutenus et on reste presque sur notre faim lorsque le groupe repart.
Mais c?est au tour d’Okkervil River d?investir la scène. Les Texans débutent sur les chapeaux de roues avec un morceau au rythme endiablé. Leur folk punk séduit immédiatement et les morceaux s?enchaînent sans mal. On a droit à beaucoup de titres de « Black Sheep Boy » comme A King and a Queen, le grinçant Black ou Song of our So-Called Friend. Blanket and Crib fait la part belle à la trompette de Scott Brackett et le dansant No Key, No Plan fait fureur.
L’intensité du show de Okkervil River doit également beaucoup à la présence de Will Sheff, le chanteur dégingandé myope comme une taupe, qui rugit dans son micro, se tord, bondit? Il chante tantôt à la manière d?un Conor Oberst, tantôt d?un Pete Doherty. Sur For Real, sa voix est à glacer le sang, avant de prendre son envol et de clamer « You can?t hide? » à pleins poumons. À sa droite, Jonathan Meiburg est plus en retenue, assis tranquillement sur son tabouret il passe sans cesse de l?accordéon aux claviers et chante très doucement, timidement presque.
Il n?est pas rare de voir ou d’entendre les autres membres du groupe chanter les paroles comme s?ils venaient de les découvrir. On est plus proche de la soirée entre amis que du dernier événement « tendance », pourtant on tient là un excellent set des Américains dont on parlera longtemps encore et auquel on pourra se féliciter d?avoir assisté. L?ambiance est bon enfant, Will Sheff parle de leurs précédents concerts parisiens, également effectués sur des péniches, il explique que s?il enlève ses lunettes c?est pour ne pas voir le public et se plaint du fait que la bière qu?il a négligemment laissée sur le bord de la scène ait disparu.
Le rappel démarre avec seulement la moitié du groupe. Suit Westfall, titre plus ancien réclamé par deux personnes dans l?audience. Enfin, la soirée se conclut sur le bien nommé Okkervil River song. Le temps de récupérer une set list et il faut se dépêcher pour attraper le dernier métro mais les chansons d?Okkervil River résonneront encore un peu dans nos têtes et c?est avec une impatience certaine que l?on attend leur prochaine date parisienne.