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De retour cette année avec un huitième album toutes guitares dehors, Primal Scream semble avoir bien du mal à tenir son rang, en ces temps pourtant propices au rock sauvage et référencé. Initialement prévu dans le temple de l?Olympia, ce concert a en effet été déplacé à la Cigale, salle certes prestigieuse, mais de moindre capacité. Les splendides affiches placardées dans le métro parisien proclamant le rétablissement du règne du rock?n?roll auront donc eu un effet limité (voir photo n°1).
Et contre toute attente, l?antre du boulevard Rochechouart est plutôt dégarnie ce soir, lorsque s?éteignent les lumières. Autre élément surprenant, aucune première partie n?a été programmée. Prêts néanmoins à en découdre, Bobby Gillespie et les siens engagent les hostilités avec sang-froid et conviction. Ils débutent leur set par Movin? On Up, qui sera ce soir le seul emprunt au classique « Screamadelica » (1991), disque précurseur fusionnant rock traditionnel et house hallucinée.
En effet, Primal Scream privilégie ses albums récents, avec une prédilection certaine pour ses titres les plus stoniens (Rocks) et les extraits de son petit dernier. Choix légitime, mais pas toujours opportun. « Riot City Blues » renferme certes quelques singles à l?efficacité redoutable, sur scène comme sur disque (Country Girl, Dolls), mais pêche globalement par un conformisme inédit et un manque d?audace décevant chez ce groupe. Heureusement, plusieurs des manifestes electro-rock de « XTRMNTR » ou « Evil Heat » répondent à l?appel du public. On saluera notamment le groove indocile de Kill All Hippies, la transe incendiaire de Swastika Eyes et la régression punk inspirée de City, dédicacée par le bassiste Mani à la ville de Marseille.
Un concert tout à fait honnête donc, mais loin de la furie attendue. Gillespie lui-même a livré une prestation en demi-teinte. En toute fin de concert, Sa Majesté Bobby s’est laissé voler la vedette par deux jeunes effrontées venues se trémousser à ses côtés. Dans un geste d?agacement, l?Ecossais quitte alors la scène bien avant ses sbires, tandis que résonnent encore les dernières mesures de la reprise de Lennon, Gimme Some Truth.