"> Sans titre - 2006-10-27 - Paris [La Maroquinerie] - Live Report - Indiepoprock

Sans titre – 2006-10-27 – Paris [La Maroquinerie]


En ce 27 octobre la Maroquinerie avait tout de la meilleur low-cost du monde. Pour un peu plus de 16 euros, nous nous retrouvions à des milliers de kilomètres d’ici, de l’autre côté de l’Atlantique, qui plus est sans les formalités douanières d’usage. Le commandant de bord Jonathan Meiburg (Shearwater) et ses assesseurs, Luke Temple […]

En ce 27 octobre la Maroquinerie avait tout de la meilleur low-cost du monde. Pour un peu plus de 16 euros, nous nous retrouvions à des milliers de kilomètres d’ici, de l’autre côté de l’Atlantique, qui plus est sans les formalités douanières d’usage. Le commandant de bord Jonathan Meiburg (Shearwater) et ses assesseurs, Luke Temple et John Vanderslice, nous souhaitèrent un bon voyage, on fermait les yeux à mesure que la lumière baissait et on était déjà arrivé…
 
C’est les yeux et les oreilles grands ouverts, assis religieusement face à la scène que le public voit apparaître Luke Temple (photos 1 et 2), guitare en bandoulière. Ce natif de Salem, Massachussets, possède un don certain pour hypnotiser son auditoire grâce à ses mélodies folk et ses ballades country. Dans le public certains choississent de fermer les yeux pour s’imprégner un peu plus de la musique, peut-être pour se transporter dans l’Amérique profonde chère aux frères Coen. La fin du set tout en douceur vient confirmer le talent de songwriter de ce "sorcier" de Salem. On jurerait avoir vu les fantômes d’Elliott Smith et Nick Drake applaudir.
 
C’est en formation complète que John Vanderslice (photos 3 et 4) nous fait cette fois-ci l’honneur de sa présence. Le bonhomme jouit d’une grosse cote aux Etats-Unis notamment chez les groupes indés. On l’a vu récemment en France assurer les premières parties de Nada Surf ou Death Cab for Cutie, accompagné seulement de son fidèle batteur Dave Douglas. L’apport d’une basse et d’un synthé est un plus indéniable pour les mélodies travaillées issues notamment du dernier album "Pixel Revolt". C’est précisément avec l’une d’entre elles, Plymouth rock, que s’ouvre le set, entre les "clapements" de mains et le son si particulier du Moog (synthé). Le groupe balaye la discographie de son leader déjà riche de 5 albums en 5 ans : Up Above the Sea et White Plains, extraits de "Cellar Door" et Keep the Dream Alive extrait de "Time Travel is Lonely". Ravi de revenir en France, Vanderslice nous fait un petit compte-rendu de la tournée et notamment la soirée à Manchester pendant laquelle Ian Bjonrstad (le gars au Moog) a joué nu tout le set, John Vanderslice se contentant de l’imiter sur un titre. Il nous rassure en ajoutant que ce ne sera pas le cas ce soir. Au lieu de ça il nous gratifie d’un superbe Exodus Damage, l’un des plus beaux titres du dernier album. Le concert se termine par Time Travel is Lonely qui à défaut de nous faire voyager dans le temps clôture un voyage musical de 3/4 d’heure à travers les Etats-Unis.
 
Si John Vanderslice est apparu en formation complète, Jonathan Meiburg était lui orphelin de son compère Will Sheff avec qui il officie également sur Okkervil River. Cette absence coïncide avec la prise de pouvoir de Meiburg sur Shearwater (photos 5 à 10), groupe qui fut fondé par les deux acolytes en 1999 et sur lequel ils se partageaient les compositions et le chant. Le dernier album, "Palo Santo", entièrement composé et interprété par Meiburg, était déjà annonciateur de cette évolution au sein du groupe. Tout sourire, Meiburg fait part de son plaisir d’être en France, patrie du label Fargo qui leur a fait confiance et qu’il ne manque pas de remercier. C’est au banjo qu’il décide de commencer le concert, son ex-femme Kim Burke étant à la contrebasse, Howard Draper, l’homme orchestre, au piano et enfin Thor Harris et ses couettes au vibraphone. Mountain Laurel et Whipping Boy nous propulsent de nouveau tout droit dans le Sud des Etats-Unis version frères Coen ("O Brother"), Jonathan Meiburg faisant pleurer son banjo tandis que Thor Harris martèle sa batterie d’une main et caresse le vibraphone de l’autre !

Sur Red Sea, Black Sea et le somptueux La Dame et la Licorne, on admire la voix de Meiburg, tantôt calme tantôt furieuse mais toujours chargée d’émotion. Après quelques moqueries à l’égard de Sting, présent dans les locaux de la radio dans laquelle le groupe jouait la veille, Shearwater continue d’égrener les pépites de "Palo Santo". On apprécie notamment les performances de l’énergique Seventy Four, Seventy Five ou de Hail Mary et son final apocalyptique.
 
Le groupe quitte la scène sous les vivas et revient peu de temps après pour interpréter Palo Santo. Jonathan Meiburg nous explique que ce nom vient d’un arbre que l’on trouve sur les îles Galapagos. Ce titre tout en douceur contraste avec la rudesse climatique de ces îles mais s’accorde magnifiquement avec la solitude de l’archipel. Le vibraphone de Thor Harris y créé une ambiance propice au rêve et à l’évasion. Shearwater rend ensuite hommage à Brian Eno en interprétant une de ses chansons, Baby’s on Fire, avant de quitter la scène sous les acclamations, pour la deuxième fois. Visiblement ému par l’accueils, Meiburg et sa bande nous font le plaisir de revenir pour un ultime titre issu de leur premier album "The Dissolving Room" en hommage à leur premier studio d’enregistrement qui prenait l’eau de toute part et qui fut abattu juste après l’enregistrement.

Tout en retenue et chargé d’émotion, ce dernier titre conclut une soirée riche sur le plan musical mais également sur le plan humain tant les artistes qui se sont succédés ont fait preuve d’un plaisir communicatif de jouer et d’être là. 

Crédit photos : Robert Gil

Chroniqueur
  • Publication 167 vues27 octobre 2006
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