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Dès 16h30, les Hollywood Porn Stars jouent la provoc en arrivant sur fond du Beat-it de Mickael Jackson. Vêtus de rouge, noir et blanc, les liégeois portent un rock puissant qui met aux prises deux guitaristes aux poses très stylées, non sans rappeler les séries télé 70’s. Malheureusement, le groupe semble faire son show pour quelques gamines, ravies devant la scène, mais isolées au sein d’un public mou et statique. Ghinzu, très attendu, arrive sur le thème de la « Guerre des étoiles ». Stetson, lunettes de soleil et gros larsen pour commencer. Les mélodies dissonantes à la guitare soutiennent les nappes de synthé, au service d’un rock sophistiqué, poétique et sensuel. Malgré un ensemble vraiment trop sourd, l’intensité de certains titres amène à l’envoûtement mélodique. Après la reprise de Blue suede shoes, les lumières s’éteignent brusquement, mais ce problème technique ne perturbe pas le groupe qui finit le concert dans une débauche sonore. On se précipite dès 19h30 pour ne pas manquer Mickey 3D. Le Dôme est plein et déborde déjà largement jusqu’aux stands voisins. La prestation offerte a une nouvelle saveur, à la fois rock et électrique. Mais le chant n’est pas toujours juste et, malgré l’enthousiasme du public, le concert se révèle inégal.
Les lumières fonctionnent de nouveau sur la grande scène : il est 20h30 et Starsailor va pouvoir en profiter. Les Anglais arrivent et jouent sans mise en scène. La voix du chanteur, mélancolique, nous prend aux tripes pour certains titres comme Alcoholic, simplement accompagnée au clavier. Ce pop-rock est plaisant, honnête, sincère et sans simagrées… ce qui nous change. Après une reprise de U2, Starsailor termine son concert sous la pluie, ce qui amène le public à s’éparpiller vers les scènes couvertes. En se dirigeant vers la grande scène, on peut profiter des derniers titres de Arno, toujours aussi punchy. Certains dansent une valse par ci, un rock par là. Ce Monsieur a de la prestance et sait jouer avec son public. Après une longue attente, c’est enfin l’acclamation pour Patti Smith. Les classiques défilent avec énergie et une certaine puissance. Elle nous interprètera même une sorte de danse indienne. Eclairée d’un feu intérieur, elle lance une diatribe contre les puissants fabricants de médicaments, puis continue sous l’acclamation d’un public extrêmement nombreux. « La pluie a perdu » et elle a raison. Le rock’n’roll et la solidarité ont gagné ce soir.
Tous de blanc vêtus AS Dragon attaquent directement les hostilités. Natasha, au chant, se déambule comme un pantin. Elle demande aux spectateurs si le son est correct, car personne ne danse. C’est peut-être parce que les sourires manquent aussi sur scène… Le single Pas chez moi fait tout de même son effet. A 17h, c’est au tour de la « Cérémonie des Patchwork des Noms » d’occuper la grande scène. Le créateur de ce festival nous parle de ce combat permanent et du soutien dont ont besoin les victimes du SIDA. Des personnalités lisent les noms de ceux qui ont disparu des suites de cette maladie, tandis que des panneaux de patchwork sont déployés. Le public se recueille assis et c’est la première fois qu’il est aussi nombreux. La cérémonie se termine sur une minute de silence, émouvante.
La foule s’est déplacée pour The Servant mais la voix manque de son. Dan Black, le frontman, prononce quelques phrases dans un français parfait. Il joue le plus souvent d’une guitare sèche dans un style rock-blues lent, parfois quasi folk. Les titres les plus dansants sont ceux qui passent le mieux, mais ils manquent de fantaisie au niveau des arrangements. Black, d’habitude plus bavard, avoue qu’il est difficile de se laisser aller suite aux évènements intervenus deux jours plus tôt à Londres et invite simplement le public à danser. L’invitée surprise du festival n’en est pas longtemps restée une : il s’agit de Garbage. La charmante Shirley Manson, habillée d’une robe rouge flashy en concordance avec son lipstick et d’une casquette qui ne cache rien de son visage, fait vibrer l’ensemble du festival. Reposant sur le dernier album résolument rock, le set en devient un réel bonheur. On assiste à un florilège de tubes qui illustrent bien le potentiel de Garbage, bien loin de son répertoire de morceaux construits minutieusement en studio et parfois ennueux en live. Le jeu scénique de Shirley, très proche du défilé de mode, et les lumières crues mais efficaces donnent une dimension événementielle au concert. Le batteur, caché derrière un mur de plexiglas et le guitariste, Butch Vig, très remuant mais discret, laissent une place gigantesque à Shirley. En bref, c’est une vraie claque !
A 15h, du monde attend Ridan devant le chapiteau du Domino. Le concert est retardé pour quelques derniers réglages et le public est obligé de ressortir de la salle pour patienter dehors. Après une musique d’introduction assez longue, le spectacle peut enfin commencer et Nadir est acclamé dès son arrivée. La foule reprend en choeur la plupart des paroles, avec un point d’orgue pour Agriculteur. Une demi heure avant le concert de Camille, les spesctateurs se pressent devant le Domino. Pendant les balances, on entend déjà chanter les paroles. Dès le feu vert donné, l’entrée dans la salle est proche de l’hystérie collective : c’est une bousculade magistrale. Dès le début du concert, le public hurle tellement que l’on ne peut pas entendre la voix de Camille. En plus des habituels Sly et MaJiKer, un contrebassiste, jouant de la grosse caisse, l’accompagne également. Camille utilise des boucles à la voix qu’elle réalise en direct. Au dehors, ceux qui n’ont pas pu rentrer semblent faire une bronca. Camille danse avec Sly sur Les ex. Le public suit parfaitement les paroles, les intonations et les silences sur chaque titre. Parfois les musiciens se rassemblent autour du même micro et se battent pour y chanter, hurler et faire des grimaces pour déstabiliser Camille. D’autres fois, c’est elle qui se déchaîne et danse de façon endiablée, malgré la chaleur infernale sous ce chapiteau. L’ambiance devient palpable sur Pâle septembre puis la reprise de Nous sommes tous des Européens de TC Matic, l’ancien groupe de Arno, nous cueille avant la fin du concert. Une foule immense s’est amassée face à la scène Bagatelle, pour le concert de Matmatah. Le coucher de soleil accompagne la venue du groupe. Après quelques titres bien enlevés, c’est l’adhésion générale pour Lambé an dro. Il semble que tous ceux qui sont présents au festival se sont donnés le mot pour se retrouver là. La foule danse avec ses dernières réserves d’énergie. Matmatah nous propose une reprise des Who très réussie. C’est l’anniversaire de l’ingénieur du son et c’est la foule qui le lui souhaite massivement. Enfin lors du rappel, le groupe dédicace son dernier titre, Alzheimer, aux membres du G8.
C’est déjà la fin de ce festival intense en émotions et c’est à Tiken Jah Fakoly que revient l’honneur de le clore. Les cuivres commencent et les lumières chaudes entourent Tiken. Les guitares donnent l’ambiance et les choeurs reprennent les refrains révoltés. Ce reggae est le support de messages appelant à la libération de l’Afrique des contraintes imposées par le FMI, et à la lutte contre la misère et les résidus de la colonisation. Survolté et dansant comme un beau diable, Tiken fera lever un poing revendicatif à l’assemblée, comme un seul homme. Pour le grand final de cet évènement, les bénévoles viennent sur scène avec l’organisateur pour remercier le public, nombreux, d’avoir une fois de plus participé à cette aventure.