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Quelle foule ! Difficile de croire que toutes les personnes amassées ce soir sont venues spécialement pour voir Sufjan. Le même Sufjan qui l’an dernier, pour la tournée de « Seven Swans », peinait à remplir la moitié d’une salle beaucoup plus petite. Et pourtant si. C’est bien lui le main event de ce concert sold out. Effet de mode folk du à la surmédiatisation de Devendra Banane ? Allez savoir…
Pas facile d’imposer sa carrure de playmobil au milieu de tous ces gens. Je sors mon appareil photo. Peut-être que les gens se diront : « Woaw quel pro ce type ! On a intérêt à le laisser passer…» Ça n’a pas l’air de marcher. Je me fraie malgré tout un chemin jusqu’à l’avant de la scène. La première partie a commencé depuis 20 minutes. C’est une illinoisette du backing band de Sufjan (les illinoisemaker) qui accapare les projecteurs. Un set blues/folk dépouillé qui m’arrache quelques bâillements.
40 minutes plus tard, ils arrivent enfin. Et quelle entrée ! Les sept acteurs déboulent déguisés en gymnastes de l’Illinois. Du moins c’est à cela qu’ils ressemblent. Ça court, ça fait des roues, ça saute dans tous les sens. Puis trompette, trombone, piano, synthé, basse, guitares, batterie et le sacro-saint banjo prennent vie. Ce foisonnement d’instruments et de couleurs contraste quelque peu avec le concert solo acoustique de l’an dernier. Soit. Un peu d’allégresse automnale, ça fait plaisir à voir.
Sufjan Stevens semble être quelqu’un de très timide. Cela se voit, et s’entend surtout. Malgré cela, en trois, quatre mots à peine, il réussit à faire exploser de rire son public lorsqu’il raconte les histoires qui se cachent derrière ses chansons. Avec humour et dérision, il retrace les aventures burlesques d’une « chikenmobile » ou une nuit de camping où il aperçut un monstre mi-ours, mi-guêpe.
Tour à tour au piano, au banjo, à la guitare acoustique puis folk, Sufjan se multiplie. Il multiplie également les chorégraphies de majorette avec son groupe. Clou du show, une pyramide humaine réalisée par les sept membres de la troupe. Moi qui pensais voir un concert Kleenex, j’ai assisté à un véritable numéro de cirque.
Bien qu’il soit accompagné de ses turbulents illinoisemaker, ce natif du Michigan ne se prive pas de jouer des titres plus intimistes. Sur Casimir Pulaski Day, Sufjan se met en avant. Les quelques notes apportées sur la pointe des pieds par son groupe et les choeurs féminins sont magnifiques. Même constat pour John Wayne Gacy, Jr.. La vitesse supérieure est enclenchée avec The Man of Metropolis Steals Our Hearts. 8 minutes d’ivresse rock’n roll qui font remuer tout le public.
Après un peu plus d’une heure et demie d’un set énergique, le groupe se retire (…) pour mieux réapparaître avec un Chigago tonitruant. C’était la moindre des choses après l’ovation à corps et à cris provenant d’un public complètement déchaîné.
Après toutes ces folles émotions, on se demande quelle apparence prendra Sufjan lors de sa prochaine venue. Une rumeur ferait part de son prochain album sur l’Etat de l’Alaska et d’un costume de pingouin géant…