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La scène de la maroquinerie était énigmatique mardi soir en début de soirée. Cachés sous des draps noirs, les instruments attendaient que l’on vienne exprimer leur musique. Rassemblés dans la cave un ensemble de gens sans dénominateur commun apparent, ni des hipsters, ni de vieux bluesmen, ni une majorité de filles: juste des amateurs du blues de The Legendary Tigerman, Paulo Furtado de son vrai nom.
Le public clairsemé de début de soirée s’est échauffé au son de Catfish, duo blues rock qui a peiné à emmener le public. On ne leur reprochera guère qu’un manque d’énergie au début de leur set, qui heureusement s’est libéré sur la fin. Les deux membres, multi-instrumentistes, se partagent les sons (littéralement puisque la batterie est divisée en deux) mais pas le micro, réservé à Amandine, rousse incendiaire à la voix chaude. Une première partie plutôt bien léchée quoiqu’un peu scolaire donc qui nous aura permis de nous faire entrer progressivement dans la soirée.
Puis le légendaire homme tigre s’est installé sur la minuscule scène de la maroquinerie. Seul avec son blues, il lui aura suffi d’un titre pour faire monter la chaleur, et donner le ton de la soirée. Classieux dans sa tenue noire, lunettes fumées et repetto blanches comme Gainsbourg, Tigerman déroule ses titres, contient son public pour mieux le lâcher.
Il porte fièrement son statut de one-man-band tant son univers, sa maîtrise et ses titres se suffisent à eux seuls. Majoritairement seul en scène avec sa guitare, Tigerman déploie autant d’énergie qu’un groupe entier.
Le saxophone baryton et le batteur qui le rejoindront sur une partie du concert seront l’ultime délicatesse qui confirme le goût du Tigerman pour les arrangements classieux.
The Legendary Tigerman nous aura embarqués avec lui pendant une quinzaine de titres piochés çà et là dans sa discographie, mais faisant la part belle aux incontournables. Sur certaines chansons, pour achever de planter le décor, étaient projetés en fond de scène une sélection de courts métrages réalisés par Paulo Furtado lui-même.
Une heure trente de concert passée à la vitesse de l’éclair, dont on retiendra de grands moments de blues, de partage et de chaleur humaine. Parfois, le plaisir tient à peu de choses finalement: un homme, sa voix et sa musique.
Crédit photos : d200d700