"> The National @ L'Olympia - 23 novembre 2010 - Live Report - Indiepoprock

The National @ L’Olympia – 23 novembre 2010


Il va falloir s’y habituer : The National est devenu un « gros client », un groupe capable de jouer devant des publics de plus en plus importants. Certains ont d’ailleurs entendu sur certains titres de leur dernier album « High Violet » les signes d’une évolution de leur rock intimiste vers plus d’emphase, plus de souffle – on […]

Il va falloir s’y habituer : The National est devenu un « gros client », un groupe capable de jouer devant des publics de plus en plus importants. Certains ont d’ailleurs entendu sur certains titres de leur dernier album « High Violet » les signes d’une évolution de leur rock intimiste vers plus d’emphase, plus de souffle – on a même parfois été ébahi de lire que le groupe se rapprochait de la musique pour stade… Toujours est-il que le patronyme de la bande menée par Matt Berninger orne fièrement la façade d’un Olympia complet depuis plusieurs semaines, l’occasion pour nous de juger sur pièces !

Dès l’entrée sur scène du groupe et un Runaway tiré du dernier album, le premier constat saute aux oreilles : The National est toujours aussi carré. Le son est très travaillé, d’une finesse et d’une sophistication redoutables, les musiciens offrent à la voix de Berninger un écrin de haute classe. Le batteur Bryan Devendorf démontre l’étendue de son talent ; son jeu élégant et racé est vraiment l’une des forces du groupe et si l’on devait vraiment chercher des baguettes magiques, celles de Devendorf valent mille fois celles d’Harry Potter. Quant aux deux guitaristes, impeccables comme à l’accoutumée, il se contentent de la perfection.

La priorité est donnée à « High Violet » en début de concert, même si quelques titres tirés des précédents albums viennent émailler la playlist (Mistaken For Strangers, Baby We’ll Be Fine). Pour parachever une interprétation léchée, l’ajout de cuivres (un trombone et une trompette) est réalisé avec une intelligence et un talent qui forcent l’admiration et l’on se prend parfois à perdre le fil des morceaux pour ne plus écouter que les multiples échanges entre l’accord évanescent d’une guitare et la montée en puissance du souffle des cuivres. La classe, donc, est éclatante et pour autant on n’est pas tout à fait emporté. Il faut attendre le tiers du concert (et une bonne moitié de bouteille de vin pour Berninger) avant que le groupe commence à sortir d’une réserve polie sur l’impérial Squalor Victoria.

Une fois le concert lancé, The National maintiendra la tension jusqu’à quitter la scène après le toujours rythmiquement fascinant Fake Empire. Entre-temps plusieurs morceaux de bravoure (Sorrow, Abel, Afraid of Everyone…) se seront enchaînés. England, notamment, s’avère magistral même si d’aucuns reprochent à ce titre de symboliser l’évolution du groupe vers un rock moins intimiste et beaucoup plus proche des stades… Ce n’est certainement pas faux mais si tous les stades résonnaient d’hymnes aussi beaux, on rechignerait moins à s’y rendre.

Pendant les rappels, l’énergie est plus palpable, notamment au cours d’un Mr November pendant lequel Matt Berninger descend dans le public et fait le tour de la salle en s’égosillant, puis d’un Terrible Love où il cherche à piétiner les premiers rangs. Le show s’achève sur une version totalement acoustique de Vanderlyle Crybaby Geeks : sans micro ni amplification, les musiciens souhaitent bonne nuit à un Olympia transformé pour l’occasion en église. Il faut bien reconnaître qu’après cela, on peut se coucher tranquille.

Au chapitre des regrets, beaucoup de grands moments d’ »Alligator » et « The Boxer » sont passés à l’as (Secret Meeting, All The Wine, Ada, Start A War, on en passe), au profit des morceaux plus récents de « High Violet », qui bien que d’une écriture toujours racée ne parviennent pas à susciter le même enthousiasme. On regrette également que le groupe reste si réservé, surtout en début de concert. Ces réserves ne pèsent toutefois pas bien lourd face à l’évidence de la classe et du talent inouï des musiciens, face à une seconde partie de concert absolument mémorable.

Chroniqueur
  • Publication 352 vues23 novembre 2010
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