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Ouverture de la soirée avec Kalac. Le groupe breton a clairement un niveau technique hors du commun. Leur batteur, tout particulièrement, est une véritable machine. Cela sied parfaitement à leur style, krautrock jusqu’au bout des doigts. De longs morceaux, en montées perpétuelles, accompagné parfois d’un chant « chamanique ». Une première belle surprise, car je n’avais jamais entendu parler d’eux.
On dit qu’on peut reconnaitre un héros, uniquement en voyant son ombre (Mickey, Titeuf…). Si on s’en tient à cet adage, alors les Warlocks font indéniablement partie des héros de notre temps. Les six membres actuels ont en effet chacun une dégaine tellement unique et inimitable qu’il est impossible de les croiser dans la rue sans les identifier. Et sans changer de trottoir accessoirement.
Les Warlocks sont souvent présentés comme « un mur du son entre psyché et shoegaze ». En effet, dès l’entrée sur scène, on a bien deux guitaristes attitrés, Bobby Hecksher au chant et à la guitare, et le claviériste qui alterne très fréquemment entre son clavier et une guitare… douze cordes. Si vous faites le compte, ce sont donc 30 câbles métalliques qui nous sont dédiés et qui vont sonner en même temps. Le terme « mur du son » est loin d’être galvaudé.
Pour ce qui est de la performance en elle-même, ce fût pour moi un concert révélation. Je suis jusqu’ici – je me demande encore comment – passé à côté du groupe. J’ai rattrapé une partie de mon retard lors de la toute récente sortie de « In Between Sad », dernier album en date. Énorme coup de cœur qui figurera très probablement dans mon top 3 de l’année. Sur scène, j’ai retrouvé tout ce qui fait la beauté de l’album. Ce juste mélange entre le ressenti physique de la musique et l’émotion transmise par le chant. Bobby Hecksher a perdu son frère récemment et il nous l’a rappelé au début du live. « Cet album a vu le jour, car il a servi de catharsis. Les premiers morceaux vont donc être très calmes, mais rassurez-vous. Les hits vont arriver, nous avons beaucoup de temps devant nous ». Voilà une belle manière de mettre le public dans sa poche, tout en restant fidèle à ligne directrice. Et c’est effectivement ce qui est arrivé. L’enchaînement des morceaux, parfaitement bien conçu, a précipité le public dans une transe progressive. En partant sur des musiques relativement calmes et introspectives, et en glissant vers quelque chose de plus physique, les Warlocks ont maitrisé le set, de A à Z.
On pourra aussi parler du côté attachant du groupe, et particulièrement de son leader (c’est lui qui communique avec le public principalement). Une sorte de Peter Pan qui aurait peur de grandir, de changer, mais qui garde le cap, coûte que coûte. Chaque musicien a aussi sa personnalité et pas mal d’interactions se sont créées lors du set entre eux et le public.
Pour faire simple, j’ai vécu un moment exceptionnel. Je file donc rattraper la discographie du groupe, qui a pris une tout autre mesure dans mon estime depuis ce samedi.
Crédit photo : Pierre G.