Théo Charaf – Pontoise, 19/06/21

C’était espéré, annoncé ; les concerts reprennent un peu partout en France ; chaque salle, chaque festival réamorce la pompe, calcule sa jauge et revoit sa programmation. Tels des morts de soifs en plein désert, nous allions enfin pouvoir atteindre cet oasis qui, mois après mois, nous semblait de moins en moins accessible… Voir les 3 photos live

Et c’est à Pontoise, masqués et assis, que le rendez vous est pris ; à la programmation, le forum de Vauréal qui propose des concerts “hors les murs”, sur scène, Théo Charaf, compagnon de route idéal de ce début d’année émotionnellement dense pour beaucoup d’entre nous.

Il attaque par See The Man et on se rend vite compte que le blues de Charaf est parfait pour remettre en route cette mécanique.

Charaf évacue la tension en distillant quelques clés sur ses compos ou sur les auteurs qu’il reprend ; Waiting Around To Die et Kindhearted Woman Blues arrivent très vite dans le set, ce qui permet de planter le décor et de redonner vie à des chansons lointaines qu’il se charge de rappeler à nos bons souvenirs. Il leur apporte sa touche, une voix à la fois puissante, douce et subtile, la guitare pour seule partenaire. Minimales et sans artifices, les chansons défilent et mettent en lumière la sincérité exacerbée de Charaf. Ses compositions prennent tout leur sens dans ce contexte, In Vain est sublimée par la proximité.

Le temps orageux n’a pas facilité l’accordage de sa fidèle Georgette, guitare aux accents électriques dont le vieux bois craint les variations hygrométriques de cette météo orageuse … capricieuse peut-être mais d’une justesse imparable pour l’accompagner.

On le sent impressionné, limite gêné de trouver du public pour venir l’écouter, c’est assez rare de trouver chez un artiste autant de simplicité et une manière aussi brute de se présenter, le résultat n’en est que plus touchant.

Au fil du set, nous retrouvons les chansons de son album paru en début d’année, toujours dans le ton d’un blues dont l’âme est visiblement bien trop grande pour le corps dans lequel elle est enfermée…

Oh Sister, pas spécialement prévue au départ, ravira tous ceux qui l’attendaient et il clôture avec The Weight, à sa sauce.

Charaf fait partie de ces artisans qu’il faut aller voir travailler sur scène, humblement et respectueusement, il y partage ses failles, qui sont aussi les nôtres…

Cyrille Rapin

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