En octobre 2001, Madrugada investissait déjà le Café de la Danse, pour se fendre d?un concert mémorable. Du moins, devant le mutisme des musiciens, pouvait-on ce soir là en avoir l?intuition, pas la certitude. Mais quatre ans plus tard, Sivert Høyem, le frontman du groupe norvégien, l?a lui-même confirmé au public parisien, qualifiant cette prestation de « meilleur show de la tournée 2001 ».
Il aura donc fallu quatre ans à ce grand gaillard pour oser un tel aveu, pourtant guère honteux. A l?époque, il n?avait quasiment dit mot de la soirée. Lui et les siens avaient livré un set intense et ténébreux, rythmé par les silences des instruments et marqué par une grande retenue scénique. C?est que l’album « The Nightly Disease », ravissant collier de perles noires montées à la manière des grands joailliers du rock crépusculaire (Mazzy Star, Tindersticks), s?y prêtait allègrement.
Mais les Norvégiens ont depuis gagné en assurance. Leur dernière livraison, « The Deep End », incarne brillamment cette évolution. Moins personnelle mais plus immédiate, leur musique des grands espaces avale les kilomètres et suit à la trace les auteurs des plus beaux road movies mélancoliques américains (The Velvet Underground, REM).
Sur scène, Madrugada évite désormais l?échappée solitaire. Le groupe s?est libéré au fil des années et donne plus de rythme à ses prestations, quitte à en assumer les aléas. En témoigne ce faux départ sur Only When You?re Gone, dont Sivert s?amuse, de sa voix caverneuse mais amicale. La preuve également avec le recrutement d?un musicien additionnel, dont la slide guitar n?aurait autrefois pas été tolérée, mais qui trouve aujourd?hui toute sa place en soutien de la six cordes tenue par Robert Burås.
Piochant dans un répertoire de moins en moins homogène, les Norvégiens osent donc un véritable échange avec leur public. Ouvert sur l?hispanisant Stories From The Streets, leur show propose une lecture plus spontanée de leurs anciens titres (Black Mambo, Blood Shot Adult Commitment) et réserve pour les rappels les nouveautés les plus électriques (Hard To Come Back, The Kids Are On High Street).
Au terme d?un concert engagé et vivement applaudi, c?est cette fois-ci la tête haute et avec quelques remerciements que les musiciens, visiblement heureux, quittent la scène. Pour le reste, rendez-vous dans quatre ans ?