Mark Oliver Everett, dit E, n?a pas réellement besoin d?une première partie pour plonger rapidement le public dans l?atmosphère intimiste et complice propre à son monumental dernier album, « Blinking lights and other revelations », qu?il vient présenter ce soir aux Parisiens venus en grand nombre.
Un film d?animation soviétique (sous-titré en anglais) est projeté sur une toile tirée devant la scène. Elle tombera pour laisser la place à une scène comble d?une multitude d?instruments (scie musicale, auto-harpe, trois pianos, des percussions, pedal steel avec un quintet de cordes). E arrive sur scène, canne d?une main et gros cigare cubain de l?autre. L?ambiance est sous tension, le public près de l?explosion réagit au moindre commentaire de E qui prendra son temps pour expliquer son amour pour la ville de Paris. S?aidant d?une violoncelliste pour traduire ses propos, il finira par comparer Paris à la sale ville de Londres après y avoir fait un concert.
Dans une atmosphère des plus intimistes, avec sa voix cassée qui vous susurre ses pop-folk songs, il arrive à créer dans ce Bataclan l?atmosphère moite d?un petit club. Le public communie avec ce dandy écorché et ressemblant à un étudiant qui aurait vieillit trop vite. Les compositions du dernier album s?accommodent parfaitement de cet ensemble de cordes. E passe avec aisance du chant à la guitare ou bien aux claviers, où il excelle. Le Bataclan rétrécit à vue d??il et l?on se retrouve rapidement dans l?univers torturé de ce compositeur maudit. De grands moments de plénitude et de bien être que sa froideur n?arrivera pas à éteindre.
Après trois rappels, le public en redemande et E se fait désirer, pour laisser le Bataclan dans les dernières volutes cubaines. Déjà dans la rue, une partie du public, pressée, rentre sans formalité dans un Bataclan encore tiède pour assister ébahie à un quatrième rappel.