« Errances Fractales » vient conclure une trilogie, commencée avec des « Géométries Sous-Cutanées » marquantes. Et vient ainsi achever une véritable aventure musicale, en forme de voyage intérieur.

Il est difficile à ce stade de ne pas faire un bilan de ce fabuleux travail de composition, que l’on considère ici comme essentiel. Et sans doute parmi les œuvres contemporaines les plus importantes.

Avec « Errances Fractales », Catherine Watine parachève sa recherche d’une musique au carrefour de la modernité la plus brûlante – méthodes de composition, sons collectés dans la mégapole, explorations des usages numériques et électroniques – et d’un classicisme viscéral qui semble unifier les fragments et couches discrètement empilés et assemblés.

Il s’agit bien là de modernité dans le sens le plus baudelairien du terme. C’est-à-dire vivre pleinement son époque, l’explorer, la voir aussi dans toute sa trivialité et la projeter dans cette forme d’éternité que représente la beauté. En capter l’avant-garde et singularité, en comprendre toujours l’esthétique neuve qu’elle charrie.

Voilà où « Errances Fractales » se situe. A ce niveau de savoir du passé et de compréhension intime du présent. Le disque offre ainsi 14 pièces magistrales, savantes recompositions instrumentales – tout juste chantées ou murmurées parfois -, autant de vaisseaux soniques qui embarquent sans retour.

Le piano délivre sa pensée musicale inquiète, lancinante, tout en intériorité. Un piano dont l’ascétisme apparent se pose sur une grande complexité. Tissage de sonorités méta-urbaines ou saisies dans la nature, traitement complexe de pistes basculant de l’analogique au numérique, absence de repères et de refrains. C’est un monde que Catherine Watine érige, une entité musicale sui-generis qui navigue dans un espace ouvrant sur une vision infinie.

Vertigineux, bouleversant, d’une beauté totale et radicale.

• Publication 512 vues10 novembre 2021
• Tags Catherine WatineCatgang
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