"> Charles-Eric Charrier - Vulnérable Alternatif & Karaoké - Indiepoprock

On a aussi écouté Charles-Eric Charrier – Vulnérable Alternatif & Karaoké

Nous avions été saisis par un « Vulnérable » remarquable d’inventivité et d’avant-gardisme, plaçant la chanson française au cœur d’un territoire qu’elle avait rarement, jusque-là, exploré. Charles-Eric Charrier – sous le nom de Vlady Miss – venait alors de signer l’un des albums les plus singuliers de ces dernières années.

« Vulnérable Alternatif » et « Vulnérable Karaoké » apparaissent d’abord comme des déclinaisons de cet album essentiel. Deux visions d’une même expression musicale, au carrefour de la pure chanson française et du rock minimaliste et électronique de Suicide. Une sorte de quadrature du cercle que le musicien résolvait brillamment. Il s’y replonge ici, en développant la dimension expérimentale et poétique de son univers.

Si l’on connait les écrits de Charles-Eric Charrier, on ne sera pas perdu au fil de morceaux qui semblent accompagner leur puissante étrangeté et beauté bizarre. Ils apparaissent d’ailleurs, par fragments, ou disparaissent pour laisser toute la place à la musique. Ces deux fascinantes recréations musicales approfondissent encore davantage ce que « Vulnérable » avait abordé. « Alternatif » et « Karaoké » précipitent la poésie de Charles-Eric Charrier dans un creuset sonore bruitiste, aux mélodies cramées mais étonnement touchantes.

Ils s’ajoutent à un répertoire qui ne cesse d’établir des liens entre la tradition musicale française, celle du cabaret berlinois et le New York musical des années 70. On réécoutera sans tarder les géniaux Dreta Lorélie ou Man, pour se convaincre qu’en dépit des changements de nom, de formations, Charles-Eric Charrier développe au fil des années, une vision parfaitement cohérente. Une vision qui, en solo ou en groupe, demeure d’une acuité et d’une justesse sans faille.

Ces deux nouveaux disques peuvent se découvrir comme deux propositions expérimentales, fruit d’une recherche musicale ultra pointue, transportant la langue française là où elle n’a encore jamais été. Ou comme le geste spontané, presque dans l’urgence et la nécessité, d’un musicien au sommet de sa créativité. Loin de toutes contraintes formelles. Ils sont, en tout cas, la preuve vivante que la beauté et l’inventivité n’ont que faire des moyens et d’une technologie avancée. A l’instar de ses écrits et de ses toiles, la musique de Charles-Eric Charrier est à présent totalement émancipée, elle se développe dans un espace de liberté totale. Et elle est plus passionnante que jamais.

Yan
Chroniqueur