"> Gontard - Akene - Indiepoprock

On a aussi écouté Gontard – Akene

« Akene » pourrait faire date. En tout cas, rouvrir des portes que l’on croyait fermées à la pop. Et se réapproprier textes et idées que l’on qualifient de politique pour aller vite. Autant dire ce qui fut largement – et parfois brillamment – préempté par le rap. Reléguant la pop au statut de musique savante, la musique – à tort ou à raison – d’une élite. Ce qui est évidemment faux. Mais le résultat est là. Le rap a investi l’engagement, l’écriture d’un quotidien qui n’est pas celui des classes dites supérieures. Ce faisant, il a acquis une aura massive, faisant de l’ombre à tout le reste.

C’est tout le paradoxe de ce nouvel album de Gontard qui scanne les blessures de personnages déclassées, ou plus simplement décalées, en faisant rugir une pop elle-même largement meurtrie dans la grande industrie capitaliste qu’est devenue la musique.

On retrouve ainsi dans cet album des éclats gainsbouriens – absolument évidents dans « La séduction » -, le raffinement d’un Alex Beaupain aux inclinations prolétariennes, et la rugosité sensible de Miossec. Soit la quintessence d’une certaine musique dite française.

Là où « Akene » impressionne c’est justement dans sa capacité à ne pas débiter des slogans, ni à réactiver l’affreuse chanson trop lourdement engagée. Non, Gontard, lui, raconte des histoires, et tisse même de sacrées et belles nouvelles littéraires, plantées au coeur de musiques somptueuses. Des musiques faisant le pont entre la noirceur du rock anglais des années 80 et  la langue française dans toutes ses nuances. Des musiques qui transportent son univers, et lui offrent des écrins émotionnels imparables.

Gontard est un bluesman. Et vient d’organiser la rencontre entre Ken Loach et l’imaginaire des musiques populaires. Comme si Woodie Guthrie avait repris la route du côté de Valence.

Yan
Chroniqueur
Gontard - Akene