On a aussi écouté SheWolf – Parasite
SheWolf ne laisse pas le temps flétrir le grunge. Au carrefour des L7, de Nirvana et de la PJ Harvey de « Dry », le power trio enflamme le rock, et le récupère en cendre.
Ainsi délaissé de tout ce qui pourrait l’alourdir, il ne reste que l’essentiel de ce rock presque minimal mais surpuissant. Il apparaît plus pertinent que jamais pour porter à nouveau les fractures, colères et réflexions contemporaines.
S’inscrivant la lignée prestigieuse des riot grrrls, SheWolf (ré)active le rôle essentiel que les femmes ont toujours joué dans le grunge. Elles donnent ainsi au rock une autre dimension, autrement plus passionnante qu’un simple déferlement électrique sans âme ni vision.
Et, à l’image de Nirvana en son temps, elles s’immiscent, presque par effraction, dans un paysage musical formaté à l’excès, verrouillé, et trop souvent dédié aux valeurs dominantes.
Alors bien sûr, le choc sonore qu’avait représenté l’émergence de cette musique au tout début des années 90 – et l’activisme de Sub Pop – ne peut plus se reproduire. Le gigantesque tremblement de terre musical induit par les formations grunge, allant jusqu’à torpiller – et c’est tant mieux – la toute puissance du « guitar hero », a déjà eu lieu.
Mais SheWolf génère brillamment à de belles répliques. Des répliques qui font sens aujourd’hui. Comme pour remettre dans le jeu ce regard incendiaire, à la fois sur la musique – affaire de sensibilité et d’énergie autant que de virtuosité pure – , et sur la société.
- Publication 734 vues18 juin 2021
- Tags SheWolfTadam Records
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