Troisième album d'un groupe résilient.
Les déboires d’un groupe peuvent aussi contribuer à sa légende, l’histoire de la musique étant jalonnée d’artistes et d’albums qu’on ressort des cartons parfois plusieurs années après la fin de leur carrière ou de leur publication. Néanmoins, on ne souhaitera pas un tel sort à Arc Iris, même si les choses auraient pu tourner autrement pour eux si les astres s’étaient alignés il y a quelques années. Mais comme toute oeuvre se nourrit également de l’adversité et des blessures du passé, une façon plus positive d’aborder la publication d »Icon Of Ego » est qu’avec ce troisième album, le groupe devenu trio autour de Jocie Adams, fort de ses expériences, est à même de donner sa pleine mesure.
Et, objectivement, quand on se lance dans l’album, impossible de ne pas se faire la réflexion qu’autour d’une telle musique, il est impensable qu’il n’y ait pas de frictions. D’abord parce qu’au centre d’Arc Iris, il y a une diva. Attention, on ne préjuge en rien de la personnalité, qu’on ne connaît pas, de Jocie Adams, mais sa présence, la prépondérance de sa voix dans les dynamiques des morceaux, le sentiment que tout s’articule autour d’elle ne peut se faire que si les choses sont claires dès le départ et que les egos sont au diapason. Concrètement, si on pointe parfois du doigt le fait que le principal atout d’un groupe est aussi sa limite, ici, les choses sont différentes. Car, encore une fois, les morceaux du groupe ne reposent pas exclusivement ni même avant tout sur la voix de leur chanteuse mais sont composés de telle façon qu’une voix avec moins de relief tueraient les subtilités dans l’oeuf. Mais avec Jocie Adams, autant capable de se lancer dans un numéro presque jazzy (Turn It Up) que purement pop, versant montagnes russes ($GNMS), d’évoquer de grands numéros, tendance cabaret, là, c’est autre chose.
Musicalement parlant, à l’écoute d »Icon Of Ego », il nous arrive de songer à Sufjan Stevens, période « The Age Of Adz ». Ce qui va encore une fois dans le sens que, dans le studio, ça ne doit pas être de tout repos tous les jours, sachant qu’à l’époque, Sufjan Stevens avait failli arrêter définitivement la musique… Concrètement, encore une fois, « Icon Of Ego » est un album qu’on qualifiera de pop par paresse ou parce qu’il se compose de neuf morceaux chantés à peu près en mode couplets/refrain, d’une longueur qui varie entre trois et six minutes et sur lesquels prédomine une fibre mélodique soignée. Sur cette base viennent ensuite se greffer une liberté de tons et d’arrangements assez fabuleuse. Des plages de cordes entrent en collision avec des gimmicks spatiaux (Everybody’s Counting), une ambiance psyché rencontre soudain des violons dissonants (Susie), des samples de flûte se confrontent à une ligne de batterie implacable (Dylan & Me), etc… Avec Jocie Adams en fil conducteur, le groupe, en dépit de ce canevas sonore foisonnant, ne s’éparpille jamais et tient de bout en bout son pari de réussir un album atypique, exigeant sans être élitiste. Peut-être trop sophistiqués pour espérer s’offrir un horizon très vaste, Arc iris et « Icon Of Ego » méritent néanmoins amplement plus que rester confinés aux seules oreilles d’érudits de la pop.
- Publication 978 vues12 octobre 2018
- Tags Arc IrisBa Da Bing Records
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Tracklist
- $GNMS
- Dylan & Me
- If You Can See
- Turn It Up
- Icon of Ego
- Chattermachines
- Beautiful Mind
- Everybody's Counting on Her
- Suzy