Avey Tare's Slasher Flicks

Album riche et fouillis, au risque d'être "indiegeste"

Avey Tare, membre éminent des géniaux Animal Collective, s’est acoquiné d’Angel Deradoorian (ex-Dirty Projectors) et de Jeremy Hyman (ex-Ponytail) pour monter un nouveau projet sensé être un regroupement de néo-hippies. Le line up, plus qu’engageant, promet sérieusement.

A la clé, onze titres d’une pop résolument moderne foisonnant d’influences et d’idées parfois loufoques donnant au disque des accents de grand cirque psychédélique. Un psychédélisme qui sent l’acide à l’eau tant on se retrouve face à des mélodies très soft pop, toutes déstructurées soient-elles. La voix légère sans puissance participe, entre autre, à donner ce grain ‘pop gentillette’. Alors, en bons élèves, ces ‘gendres idéaux’ s’appuient sur un énorme travail derrière les platines, pour nous livrer une quantité ahurissante d’effets en tout genre et de rythmiques passées au broyeur. De fait, c’est clairement indé, et dans le public que nous sommes, beaucoup se délecteront des moult trouvailles de ces trois geeks gentils, mais le travail post-composition rebute aussi par son caractère omnipotent. Les titres semblent chacun perdre, au fil des minutes, l’essence qui les a fait naître, l’ensemble manque d’âme au rythme des délires de productions des trois compères.

On se trouve, avec ce ‘Enter The Slasher House’, devant un dilemme philosophique, digne d’un sujet de bac : la créativité se réduit-elle à la une maîtrise des outils de création ou doit elle avant tout être l’expression d’un sentiment profond qu’il s’agit d’exacerber, mais surtout de préserver ? Posé en ces termes-là, mon opinion est toute faite et, du coup, il y a plus de négatif que de positif sur cet album.

Il serait tout de même assez sévère d’en rester là. Ne serait-ce que par son côté unique, ce premier album de Avey Tare’s Slasher Flicks ne mérite pas d’être zappé, d’autant plus que ce travail sur chaque mélodie poussé à l’extrême en passionnera tout de même plus d’un.