Bar Italia

Une nouvelle étape pour une sensation indé des dernières années.

Les Londoniens de Bar Italia ont clairement été la sensation indé de 2023 avec, comme souvent, un peu de déraison qui oblige à remettre les choses à leur place. Cette année là, le trio a en effet sorti deux albums à quelques mois d’intervalle, déclenché l’engouement du milieu spécialisé, le tout décuplé par l’attitude du groupe qui jouait volontairement le mystère autour de leurs origines, de leur rencontre, débuts musicaux, etc… Mais si « Tracey Denim », le premier album sorti en 2023, avait tout pour enthousiasmer, il n’en était pas de même pour « The Twits », celui sorti quelques mois plus tard, beaucoup plus brouillon. Mais, encore sous le charme et le mystère du groupe, beaucoup ont un peu fait l’impasse sur cet écueil, préférant se concentrer sur le buzz, encore alimenté par le fait que Bar Italia, en sortant deux albums la même année, ne faisait décidément rien comme tout le monde, même si la démarche n’était pas entièrement inédite. Il fallait pourtant se rendre à l’évidence, notamment lors des performances live du groupe en 2024. Quand ils entamaient leurs concerts par les morceaux de « The Twits », ce n’était pas loin de ressembler à de la bouillie lo-fi, et il fallait attendre que les morceaux de « Tracey Denim » soient joués pour que ça décolle et qu’on sorte de l’ennui.

Avec le recul, c’est donc ainsi qu’il faut aborder ce nouvel album de Bar Italia : celui d’un groupe qui s’est montré brillant, puis beaucoup moins et dont on attendait de voir comment il allait rebondir. Le premier constat à l’écoute de « Some Like It Hot » est preque ironique. Car, pour un groupe qui a volontairement cultivé le mystère, et a bien dû changer son fusil d’épaule (ce nouvel album a été annoncé dans les règles de l’art), les voilà qui présentent un disque qui, objectivement, se révèle rapidement limpide sur ses ambitions. Concrètement, Bar Italia cherche à mettre de côté les expérimentations bancales de « The Twits » pour offrir un contenu plus direct et abordable, sans complètement renier son identité. On retrouve ainsi sur « Some Like It Hot » l’aspect lo-fi du groupe, qui avance toujours à coups de guitares et de batterie sans fard, sur lesquels Nina Cristante et Sam Fenton chantent alternativement. Mais là où « Tracey Denim », qui est de fait la référence du groupe, devait tout son charme au fait d »être à la fois un disque aux influences évidentes qui se nourrissait aussi de morceaux qui ressemblaient à des collisions entre deux voix qui dialoguaient et se répondaient pour parvenir à faire naître des dynamiques inspirées, « Some Like It Hot » ne bénéficie d’une part plus de l’effet de surprise et s’articule autour de morceaux à la structure plus classique où l’alternance des deux voix n’est plus qu’un simple partage du chant.

Ce qui ressort alors par moments, c’est la sensation que le groupe est un peu dans un entre-deux, entre volonté de ne pas glisser dans le mainstream tout en devenant plus abordable, et cela fait quelque peu tourner certains morceaux à vide, surtout sur la seconde partie de l’album. On pense à Lioness, Eyepatch. Doit-on toutefois en conclure que Bar Italia rate sa cible sur « Some LIke It Hot » ? Pas complètement. D’abord parce qu’il y a des moments où, en dépit de cette volonté d’être plus direct et abordable, le groupe trousse des morceaux avec une belle tension en clair obscur, notamment sur le très bon I Make My Own Dust, et montre une vraie qualité pour écrire des ballades pleines de charme mélancolique, Plastered en tête, où la voix de Nina Cristante devient alors un véritable atout. Cela fait peut-être de « Some Like It Hot » un album seulement à demi réussi mais qui devrait leur permettre de ne pas perdre les fans de la première heure et, potentiellement, d’aller gratter de nouveaux adeptes séduits par l’aspect plus avenant de l’album. Reste à savoir ce qu’ils en feront à l’avenir.