"> Belle and Sebastian - Late Developers - Indiepoprock

Late Developers


Un album de sorti en chez .

8

Un nouveau Belle and Sebastian, en toute décontraction.

Chroniquer un nouvel album de Belle and Sebastian en précisant qu’on s’intéressait déjà à la pop indé au milieu des années ’90 quand les Ecossais redéfinissaient les contours du folk avec leurs premiers albums, devenus d’indémodables classiques, sommets de sensibilité que d’autres ne verront jamais autrement que des condensés mièvres de sensiblerie pourrait nous faire passer pour des nostalgiques. Pourtant, dès le départ, on était persuadés que Belle And Sebastian n’étaient que de passage pour un temps limité, tant on les voyait mal délayer leur savoir-faire, qui ne tenait à presque rien, sur le long terme. Et pourtant, après un passage à vide qu’on voyait alors comme un inéluctable déclin, ils avaient réussi à nous surprendre une première fois au début des années 2000 en se réinventant en groupe pop doucement psyché. Mais, même après ce premier tour de force, imginait-on que, vingt ans plus tard, ils seraient encore là ? Franchement, non. Mais, force est de le reconnaître, en dépit d’une discographie inégale, la troupe menée par Stuart Murdoch a su jouer sur un subtil équilibre entre nouveautés bien senties et postérité de leurs premiers albums, qui leur ont permis d’être fréquemment cités comme un groupe important et de ne jamais perdre en notoriété.

Et si on ne se sent pas le besoin ni le devoir de connaître toute leur discographie sur le bout des doigts, on garde toujours une oreille pour eux. Et on a été quelque peu bluffés par l’annonce surprise de la sortie de « Late Developers », album que le groupe a enregistré dans la foulée de leur précédent, « A Bit Of Previous », paru l’an dernier, parce qu’il leur restait un peu de temps de studio disponible. Qu’un groupe qui a près de trente ans de carrière, même si le line-up a changé depuis leurs tout-débuts, continue à se montrer aussi prolifique, forcément, ça interpelle. Et ce d’autant plus que « Late Developers » a tout du nouvel album à part entière : pas de morceaux en versions brutes enregistrés à la va-vite, pas de versions alternatives d’autres titres déjà parus, et un disque au carré, avec 11 titres et 40 minutes réglementaires.

Un album qui n’est ni une révolution ni un chef d’oeuvre mais qui a sacrément belle allure. Troquant définitivement la mélancolie et les tourments post-adolescents qu’on accole aux indémodables « Tigermilk » et « If You’re Feeling Sinister » pour une pop solaire et gentiment groovy, le groupe enchaîne les titres qui sonnent bien et entrent immédiatement dans la tête. Dans le pire des cas, c’est anecdotique, d’autres fois, notamment sur les charmants Give A Little Time et When You-re Not With Me, tous deux chantés par Sarah Martin, un petit vent sixties souffle sans que cela soit dérangeant, ce qui est une des grandes forces du groupe, qu’on n’est même pas capables d’expliquer concrètement. Et, dans les meilleurs moments, Belle And Sebastian se permettent de trousser des titres de toute beauté, totalement intemporels, mélodiquement parfaits, taillés pour la voix toujours légèrement fragile et timide de Stuart Murdoch. When We Were Very Young est à cet égard le sommet de l’album, suivi de près par When Cynics Stare Back From The Wall, interprété à deux voix. « Late Developpers » est l’album d’un groupe complice, qui cultive son art sans forfanterie ni dilettantisme. Et on leur est déjà grandement reconnaisants de nous offrir le premier rayon de soleil de l’année, au moment où il nous manque le plus.

Rédacteur en chef

Tracklist

  1. Juliet Naked
  2. Give A Little Time
  3. When We Were Very Young
  4. Will I Tell You A Secret
  5. So In The Moment
  6. The Evening Star
  7. When You're Not With Me
  8. I Don't Know What You See In Me
  9. Do You Follow
  10. When The Cynics Stare Back From The Wall
  11. Late Developers