"> Bert Jansch - Rosemary Lane - Indiepoprock

Rosemary Lane


Un album de sorti en chez .

Ecouter Bert Jansch, c’est d’abord un véritable plaisir de guitariste, celui d’un jeu à la fois virtuose et d’une expressivité bouleversante, qui trouve ses échos jusque dans le magistral jeu aux doigts d’un Jose Gonzalez. C’est aussi bien plus que ça, tant le troubadour grand-breton, outre les torrents de notes qui semblent couler de ses […]

Ecouter Bert Jansch, c’est d’abord un véritable plaisir de guitariste, celui d’un jeu à la fois virtuose et d’une expressivité bouleversante, qui trouve ses échos jusque dans le magistral jeu aux doigts d’un Jose Gonzalez. C’est aussi bien plus que ça, tant le troubadour grand-breton, outre les torrents de notes qui semblent couler de ses doigts de fée, démontre un talent unique pour donner une résonance moderne à un style pourtant forgé d’influences traditionnelles.

Après avoir plusieurs années participé avec John Renbourn à l’aventure Pentangle, Jansch poursuit au début des années 70 une carrière solo qu’il avait alors mise entre parenthèses. Une carrière qui lui permet de porter ses explorations vers le blues, ou vers d’autres styles contemporains que la passion de Renbourn pour les thèmes médiévaux rendait difficiles à aborder avec Pentangle.

Jansch ici joue seul, on ne retrouve donc pas ici le réjouissant melting-pot du Pentangle, qui faisait cohabiter une pléthore d’instruments autour des deux guitares folles de Jansch et Renbourn, pour une joyeuse sarabande qui tirait la musique médiévale vers la pop et le jazz. Plus sobre, plus posé, le folk de Jansch reste sous influence médiévale (M’Lady Nancy), mais se fait intimiste, et sait se teinter de blues, le temps par exemple d’un superbe Nobody’s Bar. La voix, grave et péremptoire, de Jansch, apporte une teinte solennelle qui sied bien à l’ensemble.

Bien sûr, le jeu de guitare de Bert Jansch reste la principale source de l’émotion que l’on ressent tout au long du disque : qu’il s’agisse d’arpèges dépouillés à la limpidité cristalline (Tell Me, What Is True Love ?), ou de motifs foisonnants et complexes (Alman), les six cordes d’une guitare folk n’ont jamais été aussi bien grattées, pincées, caressées, et nous parviennent comme autant de fils d’Ariane qui nous permettent de saisir toutes les influences d’une musique à la rare richesse. C’est sur ce "Rosemary Lane" que Jansch parvient à trouver l’équilibre idéal entre d’audacieuses explorations stylistiques et une simplicité directe qui protège l’ensemble de l’hermétisme. Parvenir ainsi à rester virtuose et explorateur tout en demeurant accessible n’est pas un mince exploit : trente-cinq ans après, il est même toujours aussi admirable.

Chroniqueur