Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'univers du prolifique Bibio, cette expédition subaquatique nommée "The Green" semble être en mesure de laver l'affront...
Afin de mieux appréhender toute la complexité et l’éclectisme définissant Stephen Wilkinson (alias Bibio), il suffirait simplement de se plonger une fois pour toutes dans son étonnant volume discographique, démarré en 2005 avec un premier album, « Fi ». En moins de dix années, sept albums et trois maxis ont forgé la réputation de cet artiste britannique « touche-à-tout », dont on a entendu à plusieurs reprises le patronyme loufoque sans pour autant avoir disséqué son oeuvre. Succinctement, ce compositeur originaire des West Midlands propose une fusion entre folk, ambient et électronica, que l’on relie bien souvent -à l’instar d’Apparat, Monolake ou Autechre- au courant IDM. Artisan d’un mélange des extrêmes entre sons organiques et électroniques, Bibio a su creuser son sillon au sein du célèbre label Warp depuis sa signature il y a cinq ans, entérinée par la parution de l’album « Ambivalence Avenue », assurément le plus abouti et le plus connu à ce jour.
Pour en venir à ce nouvel EP, notons qu’en réalité celui-ci donne la réplique au dernier opus du britannique paru l’an dernier (« Silver Wilkinson »), avec comme point d’ancrage un unique titre en commun, Dye The Water Green. Volontairement agrémenté d’une texture subaquatique par ses vocalises abyssales, ce morceau trace idéalement la voie à l’instrumental Dinghy, délivré en deux minutes quarante avec une profondeur de champ identique. Ces deux titres marquent d’emblée la rupture tangible entre « The Green » et son prédécesseur, davantage porté par un élan électro-pop parfois oppressant. Le constat d’une teneur résolument lo-fi, où l’acoustique des guitares se mêle aux textures inquiétantes des synthétiseurs, s’amplifie à la lecture des plages suivantes. Down To The Sound et Carbon Wulf révèlent une dualité entre confusion et clarté : le premier s’impose par une chaleureuse ritournelle avant que le second nuance aussitôt l’exploration par des fonds sonores tumultueux, rappelant au passage les derniers travaux de Youth Lagoon. Non content d’imposer une ambiance équivoque à son recueil au format réduit, Bibio clôt l’expédition en s’essayant à un savoureux mariage entre mouvement classique et folk espiègle sur A Thousand Syllables, avant de s’engager à la manière de Mogwai sur un titre aux consonances post-rock avec The Spinney View of Hinkley Point., tranchant il faut bien l’avouer avec le thème jusqu’alors évoqué.
En définitive, « The Green » est une nouvelle preuve de la dextérité de Bibio, sorte de caméléon s’abreuvant de différents styles pour parfaire un univers à large spectre, susceptible à la moindre occasion de divaguer sans jamais céder à la dispersion, comme sur cet EP, dans son ensemble aisément convaincant. Sans doute un moment propice pour faire connaissance avec Mr. Wilkinson…
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- Publication 482 vues15 février 2014
- Tags BibioWarp
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Tracklist
- Dye the Water Green
- Dinghy
- Down To The Sound
- Carbon Wulf
- A Thousand Syllables
- The Spinney View Of Hinkley Point