"> Big Joanie - Sistahs - Indiepoprock

Sistahs


Un album de sorti en chez .

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Le premier album de Big Joanie n'est pas qu'un hommage aux artistes féminines indépendantes du 20e siècle mais bien le témoignage de trois femmes modernes punk.

En 1989, Kimberlé Crenshaw a été la première afro-féministe à utiliser l’intersectionnalité dans une étude qui portait sur la place des femmes dans la société américaine. Elle voulait signaler que la défense des droits des femmes et celle des droits des « people of colour » étaient liées. 30 ans plus tard, découvrir un groupe de punk constitué exclusivement de femmes noires est toujours une surprise pour nous.

Pourtant, cela fait cinq ans que les Big Joanie (nom inspiré par la culture jamaïcaine) arpentent les salles anglaises et après un EP en 2014 suivi d’un single en 2016, les trois membres du groupe ont décidé d’enregistrer leur premier album. Dès la première composition, le ton est donné : « Don’t tell me to wait » chantent-elles en choeur, le message est passé.

Au départ, Stephanie Philipps (guitare/chant) et Chardine Taylor-Stone (batterie) ont organisé des concerts au sein de la scène alternative anglaise pour lier les luttes pour les droits des femmes noires et la musique indépendante. En 2015, Estella Adeyeri les a rejointes à la basse alors qu’elle lisait déjà le blog de la chanteuse  où elle publiait des textes qui créaient un pont entre la culture underground et celle plus populaire. Grâce à la diversité de leurs influences, leurs chansons permettent à chacun(e) de se retrouver dans leur message ; dans le fanzine fourni avec le vinyle, Stephanie décrit sa relation avec les chanteuses fortes des années 2000, comme Karen O des Yeah Yeah Yeahs, comme « viscérale ». Cela se ressent dans l’écriture des lignes mélodiques, Eyes en est un très bon exemple et les paroles de How you love me  rappellent même les groupes vocaux des années 60 qui étaient composés de femmes noires.

Le fait qu’elles soient signées par la maison d’édition Ecstatic Peace Library, au sein de la collection Daydream Library Series, qui a été créée par Eva Prinz et Thurston Moore ajoute de la visibilité à un projet très DIY. Sur la pochette, une photographie de la mère et la tante de Stephanie prise dans les années 70 montre l’attachement à la sororité qu’expriment les musiciennes dans leur album intitulé « Sistahs ».

https://bigjoanie.bandcamp.com/

La mélancolie ressentie dans le disque du trio est à rapprocher des artistes féminines actuelles qui racontent leurs amitiés déchues ainsi que leurs amours déçus sans fard. D’ailleurs, on peut se demander si le mouvement #MeToo n’existait pas déjà dans l’ombre de la société de consommation quand on sait que les Big Joanie ont été influencées par les Sleater-Kinney et PJ Harvey, héroïnes des années 90. Enfin, la tension dans  It’s you est autant sexuelle qu’emplie d’une rage assourdissante et elle lance la fin de l’album avec brio.

Aucune date de concert n’est annoncée en France mais vous les retrouverez à l’affiche de l’excellent festival anglais Indietracks  fin juillet.

Retrouvez le quotidien du groupe sur les réseaux sociaux

www.instagram.com/bigjoanieband/

https://twitter.com/big_joanie

Chroniqueur
  • Pas de concert en France ou Belgique pour le moment

Tracklist

  1. New Year
  2. Fall Asleep
  3. Used To Be Friends
  4. Eyes
  5. Way Out
  6. Down Down
  7. Tell A Lie
  8. Token
  9. It's You
  10. How Could You Love Me
  11. Cut Your Hair

La disco de Big Joanie

Sistahs8
80%

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