Black Bones

Second album des Rémois, toujours mus par un grain de folie salutaire.

La publication de « Ghosts & Voices », second album des Rémois de Black Bones, devait s’accompagner, comme c’est souvent le cas, d’une release party en avril évidemment annulée, ce qui rend le maintien de sa publication à la date prévue encore plus honorable. Car, comme c’était déjà le cas pour « Kili Kili », leur premier opus, la première écoute de « Ghosts & Voices » nous fait immédiatement imaginer de beaux moments effectivement festifs à partager sur scène. Bref, inutile de se lamenter, même si le contexte n’est pas à la gaudriole, Black Bones contribueront, à leur niveau, à apporter un peu de joie à la maison en attendant des jours meilleurs qui finiront bien par arriver. On ne se privera donc pas de pousser un peu le volume pour profiter au maximum de Love As A child, Heart On Fire ou Destiny, pour ne citer que quelques titres immédiatement évidents.

Mais, évidemment, le risque, comme pour beaucoup de choses en ce moment, est de confronter l’expérience de l’écoute de « Ghosts & Voices » à ce que nous vivons et de ne pas voir au delà. Pourtant, si Black Bones confirment qu’enchaîner les morceaux survitaminés fait partie de leur ADN et si la limite, là encore comme pour « Kili Kili », est d’adopter du début à la fin une trajectoire rectiligne qui les voit filer tout droit sans se retourner, au risque de perdre quelque peu l’auditeur qui peut être tenté d’appuyer sur pause, histoire de récupérer un peu de concentration d’écoute, l’album n’est en rien un simple exutoire. Sur nombre de morceaux s’affirment en effet de véritables qualités d’écriture, à commencer par New Angel, parfaitement construit dans ses ruptures et transitions, avec un passage de relais entre voix masculine et féminine impeccable. « Ghosts & Voices » contient aussi son lot de titres imparables, de Creepy Rain, petite bombe psyché groovy, à Destiny, bijou de pop sixties irrésistible. Plus que jamais iconoclastes, toujours dans le plaisir sans céder à la facilité de la parodie ou du pur singisme, Black Bones s’affirment plus que jamais comme des esprits libres de la pop qui ne perdent jamais de vue l’ambition d’écrire de bonnes chansons.