Le second album de Black LIlys, en mode intimiste.
Au milieu de son second album, le duo formé par Camille et son frère Robin, alias Black Lilys, s’empare du Gymnopédie de Satie et l’agrémente de quelques lignes de chant. Un parti-pris potentiellement risqué, faire d’une oeuvre aussi connue et révérée étant toujours délicat, mais plutôt bien mené, le tout étant exécuté avec justesse et beaucoup de sobriété. Et si on démarre cette chronique en pointant ce moment, c’est qu’il est emblématique de « New Era ».
Découvert en 2018, année couronnée par un premier album, « Boxes », superbe exercice de pop à la sophistication délicate, Black Lilys auraient pu évoluer vers plus d’évidence, vers un format potentiellement plus grand public. Au lieu de quoi ils reviennent aujourd’hui avec un disque plein de retenue, de fragilité, à la fibre intimiste. Un disque exigeant, loin de se livrer à la première écoute. Car si cette description peut paraître laudative, c’est pourtant d’abord de l’impatience qui s’exprime sur les premières écoutes, à mesure que défilent les morceaux. Si sur « Boxes » le duo faisait étalage d’une préférence pour installer doucement le climat d’une chanson et ne se lançait pas de de grandes envolées échevelées, on a néanmoins cette fois l’impression que les chansons restent sur la retenue, manquent de l’ampleur qu’elles prenaient sur « Boxes ».
Une impression qui s’estompe au fil des écoutes, qui nous permettent de rentrer petit à petit dans l’album. Un album finalement riche, parsemé de petits éléments sonores et d’arrangements toujours pertinents. Un morceau comme Sleepwalking In The Rift se découvre ainsi par petites touches, au gré de percussions en décalage, de petits sons intrigants qui, mine de rien, enrichissent son ambiance et font plus encore briller sa mélodie limpide. On notera également le recours plus important à une instrumentation organique et souvent dépouillée, entre les cordes étouffées de Woman Wolf, l’accord minimaliste de piano sur Storm, les percussions discrètes sur Féroce. Un canevas sonore qui laisse évidemment beaucoup de latitude au joli grain de voix de Camille mais qui n’est pas non plus sans risques puiqu’il la contraint à une justesse de tous les instants et ne tolère aucun écart. A ce jeu, là encore, le pari est réussi. La voix de Camille est toujours bien placée, sans excès dans la fragilité, sans emphase inutile. On notera aussi sur Féroce quelques passages en français, alors que l’anglais est la langue de prédilection du duo. Le jeu entre les deux langues sur le morceau est plus qu’intéressant et donne peut-être une piste à creuser pour la suite. En attendant, le duo passe avec brio l’examen du second album, s’inscrit dans une veine assez unique en France et affirme beaucoup de personnalité en refusant la facilité.
- Publication 750 vues21 octobre 2022
- Tags Black LilysLa Ruche
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Black Lilys sur la route
Tracklist
- Reckless
- Invisible Strings
- Sleepwalking In The Rift
- Woman Wolf
- Yaläkta
- Störm
- Gymnopédie
- Féroce
- New Era
- Party