Chopin hour ?
Chilly Gonzales, pianiste de son état, s’est frayé un chemin de renommée en dehors des sentiers de la musique classique par des collaborations des plus insolites. Le point d’orgue de ses divagations restera l’autoproclamé premier album de rap orchestral « The Unspeakable Chilly Gonzales », qui restera à jamais un OVNI. On pourra également évoquer le gros boum de sa notoriété par sa participation au récent et pour le moins fameux « Random Access Memories » de Daft Punk.
Chilly a donc vogué au gré de ses rencontres pour à chaque fois créer des productions marquantes, originales mais surtout toujours empruntes d’une grande classe. Bien que loin du cliché « queue de pie, noeud papillon », cet iconoclaste de la « grande musique » garde cette profondeur et cette classe du rat de conservatoire.
Se laissant encore porter par les collaborations, notre ami s’est acoquiné pour l’occasion qui nous occupe, ce « Chambers », du Kaiser Quartett de Hambourg, quatuor à corde teuton, vous l’aurez compris. Point de départ de la composition de l’album, le Chopin contrarié s’est mis en tête de faire entrer la musique de chambre dans une ère nouvelle, lui insuffler des vents de modernité. Fort d’une expérience des plus larges, il va donc s’employer à intégrer des gimmicks rap, easy listening, dans une démarche avant-gardiste qui ne prendra jamais le pas sur la mélodie. Chaque titre recèle une richesse musicale qui ne fait pas débat, mais jamais aucun ne sera autre chose qu’un petite ballade aérienne. Cette apesanteur qui semble coller au jeu de Chilly Gonzales and Co, lui donne d’ailleurs des allures de bande originale. Un esprit de conte se dégage de l’interprétation, comme une sorte de théâtre introspectif, une expression discrète d’un sujet fort.
Comme modèles et/ou sources d’inspiration ce « Chambers », Chilly Gonzales mélange Daft Punk, John McEnroe, Mendelssohn ou encore Juicy J (rappeur américain), dans une folle utopie de marier tout ce petit monde. A-t-il réussi ? Sans notre « tracklist commentée » nous aurions, il faut le reconnaître, eu bien de mal à percevoir toutes ces subtilités, qui après coup, paraissent toujours évidentes. Quelque part, est-ce bien ce qui nous intéresse ? « Chambers » a cette qualité des albums que l’on s’approprie, et c’est bien cela qui importe, on se laisse bercer sans ennui par ce disque, presque exclusivement instrumental, maintenu par une foultitude de détails que l’on ne perçoit distinctement que si l’on se force. C’est presque la définition d’un bon album de pop, un album foisonnant de touches variées et d’une simplicité d’écoute limpide.
Chilly Gonzales est un hurluberlu, un homme perdu entre plusieurs mondes qu’il fait s’entrechoquer, il en ressort à chaque fois des objets de grandes valeurs, et « Chambers » en fait partie.
S’il ne devait en rester qu’un titre : Switchcraft.
- Publication 474 vues13 avril 2015
- Tags Chilly GonzalesGentle Threat
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Chilly Gonzales sur la route
Tracklist
- Prelude to a Feud
- Advantage Points
- Sweet Burden
- Green's Leaves
- Freudian Slippers
- Solitaire
- Odessa
- Sample This
- The Difference
- Cello Gonzales
- Switchcraft
- Myth Me