Cocorosie a trouvé son filon il y a bien longtemps et en dévie peu.
Les soeurs Cassady bourlinguent depuis 2003 dans le paysage musical, la malle remplie de moult objets instrumentaux désopilants. Pratiquant une pop à part, aux accents plus infantiles qu’enfantins, Cocorosie ne surprend pas son auditoire avec ce sixième album qui fait raisonner boîtes à musique, xylophones (ou ce qui y ressemble). Toujours autant portées par une vision théâtrale de leur art, Bianca et Sierra pratiquent à merveille une poésie de porcelaine, fragile et esthétique, dans une interprétation qui évoquerait le clown triste.
Au final, comme c’est le cas sur l’ensemble de la discographie du groupe, on s’aperçoit rapidement que la force du groupe réside avant tout dans les arrangements et la production, voir dans le chant fragile, cassé et imparfait, que dans la composition pure, plutôt simpliste et peu risquée. Mais l’expérience de Cocorosie, qui aurait pu faire office d’injure quant à leurs pratiques initiales, devient, contre toute attente, une force. De fait, les premiers efforts des sœurs, qui avaient bénéficié de l’effet de surprise, faisaient tout de même friser l’indigestion par une surproduction étouffante. En l’occurrence, « Heartache City » est animé plus franchement par une sorte de désillusion adulte (ARFFFF!!!! le gros mot) diffuse qui s’accompagne d’une rythmique générale plus calme, fatiguée. De plus, pianos, guitares, instruments à vent, gages de la mélodie générale se trouvent plus libres de leur mouvements, moins vampirisés par les déviances habituelles du duo. Ces pratiques qui font l’identité forte de Cocorosie, sans être tues, loin de là, s’intègrent mieux au propos général, dans une démarche qui semble bien plus naturelle.
Mais il ne faut pas se tromper, nous avons développé notre sujet sur des nuances particulièrement impalpables et comme précisé en introduction, les Cassady n’ont en aucun cas révolutionné leur univers. Il est vrai que leur proposition initiale, « La Maison De Mon Rêve » en 2004 et le « Noah’s Ark » l’année suivante, tenait en son sein tout un pan nouveau à explorer. Celui-ci a été écumé, toujours avec goût, poésie et obsession de l’esthétisme. Au final, nous pourrions présenter ce « Heartache City » comme tout album du groupe, on se sent presque frustré de connaître déjà d’autres productions du groupe et envieux des auditeurs qui vont découvrir Cocorosie par cet album.
S’il ne devait en rester qu’un titre : Bed Bugs.
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- Publication 932 vues11 décembre 2015
- Tags CocoRosieTouch & Go
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CocoRosie sur la route
Tracklist
- Forget Me Not
- Un Beso
- Lost Girls
- Heartache City
- The Tower of Pisa
- Bed Bugs
- Tim and Tina
- Big and Black
- Lucky Clover
- No One Knows