Adepte du Lexomil, ces sons sont pour toi.
Une étude récente montre que les gens qui écoutent de la musique triste sont heureux. Si tel est votre cas, nous pouvons vous conseiller l’écoute attentive de ce 3ème album studio de Damien Rice pour vous passer de vos barbituriques.
On s’y attendait un peu, il faut bien l’avouer, mais le spleen sonore atteint ici son apogée…
Les 2 ingrédients que l’on connaissait déjà nous sont à nouveau servis et ne boudons pas notre plaisir, le résultat est finalement acceptable. Toujours la même recette donc, une voix aux intonations parfois quasi féminines et des orchestrations simples, faites le plus souvent de cordes délicates (guitare folk, violon, clavier) qui s’effacent pour se mettre au service de la voix de l’irlandais (My Favourite Faded Fantasy).
L’orchestration légère atteint parfois un raffinement dont la préciosité pourra cependant irriter, nous pensons ici à l’emphase des dernières notes de It Takes A Lot To Know A Man, morceau de près de 10 minutes qui s’étire à ne plus en finir. Ce type d’envolée pourra enchanter le mélomane qui sommeille en chacun de nous ou au contraire agacer par sa facilité. Car, c’est ça, il y a un côté facile et répétitif dans la musique de Rice qui peut aisément irriter. The Greatest Bastard en est un autre bel exemple avec des arpèges, une voix tristounette et chevrotante qui forcément touchent, mais qui, au final, confine à un apitoiement sur soi un chouïa nombriliste.
Sans méchanceté aucune, on pourrait aussi se dire que la musique de l’irlandais est lisse et formatée idéalement pour accompagner les génériques de fin de feuilletons américains (c’est d’ailleurs une des spécialités du chanteur). Le docteur Sheperd, accablé par une opération d’implants fessiers ratée, quitte pour la 8ème fois la belle Meredith, les frimas sont palpables, les lumières blafardes éclairent la façade brute et morne du Memorial Hospital, Damien, c’est à toi, sors ta 6 cordes et chante qu’on envoie le générique…
Nous en convenons, nous sommes un peu dans l’outrance, mais ne vous méprenez pas, ce disque reste un album à posséder par celles et ceux qui aiment les sons propres sans aspérité, parce que la mélancolie qu’il traîne est apaisante et pas seulement larmoyante. Il délivre des notes qui accompagneront avec ravissement des petits moments privilégiés de vos journées. I Don’t Want To Change You conviendra par exemple à un dimanche matin automnal crachotant et si vous ne vous êtes pas recouché, vous pourrez enchaîner avec The Box, légèrement plus enlevé et peut être plus « frais ». Puis, la nuit arrivant, alors que l’angoisse du dimanche soir vous gagnera, vous pourrez vous laisser aller à écouter Trusty And True et ses accents de ballade irlandaise revigorante.
Résumons : c’est un beau disque qui vient compléter idéalement les 2 précédentes productions de l’irlandais. Nous voilà désormais devant un beau triptyque, sentiment renforcé par 3 artworks minimalistes assez similaires. Mais après Damien ?
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- Publication 697 vues4 décembre 2014
- Tags Damien RiceAtlantic Records
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