Dan Deacon c'est de la folie géniale, un univers cartoon frénétique baignant dans un chaos plus ou moins organisé. Du coup quand il a annoncé qu'« America » serait un album plus sérieux et engagé, la fébrilité s'est transformée en inquiétude.
Dan Deacon, on l’aime un peu parce qu’il cache derrière son physique de chauve rondouillard une puissance scénique responsable de quelques uns des concerts les plus euphoriques de sa génération, un peu comme chez Tim Harrington de Les Savy Fav. Mais au final on l’aime surtout pour sa musique qui a su nous transporter dans un monde où les toons seraient défoncés aux psychotropes et joueraient des hymnes sur lesquels danser jusqu’à l’épuisement, chanter à en perdre la voix et qu’on réécouterait jusqu’à la folie, mais une folie douce et heureuse. C’est cette folie et cet esprit de communion qui rendent ses meilleures galettes, « Bromst » et surtout « Spiderman of the Rings« , toujours aussi fraîches et jouissives plusieurs années plus tard.
Et patatras, finis les thèmes fantasques, le nouvel album du bonhomme, « America », veut nous amener à une réflexion sur ce que représentent aujourd’hui les Etats-Unis, un programme ambitieux, mais sa musique l’a toujours été derrière ses faux airs bordéliques. Si True Trush est un morceau typique de Dan Deacon avec ses voix à l’hélium, ses boucles improbables et ses bruits délirants, le reste surprend un peu plus. Lots par exemple est, même cachée derrière les sonorités étranges dont il nous a habitués, le morceau le plus rock de sa discographie, à la limite de l’hymne pour stade. Le reste, si on met de côté le raté Crash Boy, montre une facette plus planante et accessible, flirtant avec les territoires de Fuck Buttons ou du Boredoms de la fin des années 90.
L’ambitieux USA, pièce en 4 parties, confirme cette tendance, et nous propose un voyage plaisant au travers des territoires américains… plaisant certes, mais jamais complètement emballant, la musique ne nous emportant jamais entièrement, ne sachant pas nous hypnotiser comme « Tarot Sport » ou « Vision Creation Newsun » avaient su le faire auparavant,malgré un évident travail d’écriture et d’orchestration (on sent l’influence des récentes aventures de Dan auprès de pointures de la musique classique contemporaine).
En voulant faire un disque plus sérieux, Dan Deacon est aussi devenu plus accessible et devrait s’attirer un public plus large, mais la folie, le bruit et l’esprit foutraque de sa musique manqueront probablement aux fans de longue date, qui préféreront retourner aboyer Woof Woof et se perdre dans Wham City.
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- Publication 540 vues1 octobre 2012
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