De Saat surfe sur ses acquis.
De Staat commence sérieusement à s’inscrire sur la continuité. Les Hollandais, forts d’une base solide dans leur pays ont notamment pu profiter d’une tournée en 2016 avec Muse pour asseoir un peu plus leur notoriété. Auteurs du mythique Habibi, il y a de cela une dizaine d’années, le groupe revient avec un quatrième opus. On les avait laissés en 2016 avec le jouissif et réussi « O! ». Celui-ci, emprunt de fun nous avait enjoués par son approche décalée.
« Bubble gum » intervient à un moment où la carrière du groupe prend une autre envergure. Souvent un moment charnière dans la vie d’un artiste, ce type d’album est un pari risqué. Tout démarre avec le bon Kitty Kitty, superbement clippé par Wouter Stoter…
On retrouve des rythmiques assénées avec véhémence, les sonorités synthétiques du précédent album et quelques tentatives bien senties côté arrangements. Sans être ni radical ni particulièrement iconoclaste, ce premier titre a le mérite d’être efficace sans être dépourvu d’originalité. Les choses commencent à se gâter avec le Fake It Till You Make It qui suit. Le groupe tient visiblement à asséner un propos haché (rythmiques, chant saccadé à outrance). Et l’on se dit alors qu’un album entier sur ce mode risque d’être vite usant. De plus, le titre en question recèle un soupçon d’arrangements et quelques inflexions vocales tendant vers le FM ou la pop facile. Cet arrière goût restera un peu trop prégnant pour se libérer par la suite. Mona Lisa intervient alors avec l’espoir naissant d’un mieux. Sauf que l’on retombe à l’écoute des rythmique sur une impression de déjà vu. Ce déjà vu c’est Sweatshop, paru sur « O! » dont la simplicité des fûts ne souffre aucun doute quand elle est reprise. Encore une fois, quelques déviances « faciles » vers des arrangements ouvrant grands les créneaux des radio FM semblent être un recours sur cet album. On en vient assez rapidement à penser à l’évolution de Muse, qu’ils ont accompagnés en 2016. Une marque de fabrique assez claire, tendant vers un son lourd qui se perd dans une recherche d’accessibilité un peu désincarnée. Quand on arrive sur quelque chose d’un peu plus personnel, il s’agit de Pikachu. Ce titre met en exergue le dernier élément négatif, à notre sens, de l’album, l’écriture. Phrases à trois mots et répétitions, le recours à ce schéma aura clairement tendance à rebuter à la longue.
Alors, nous y allons un peu fort, mais c’est à la hauteur de ce que nous avons aimé de nos amis hollandais. Car la plupart des titres sont plutôt efficaces, et une bonne majorité passeraient à merveille en playlist. Le problème réside dans le fait qu’en tant qu’album, « Bubble Gum » manque cruellement de relief. Trois titres nous auront plus positivement marqué, Kitty Kitty, Phoenix et Luther tous trois assez différents les uns des autres. Kitty kitty a l’avantage, en tant que premier titre, de ne pas pâtir de l’effet d’usure. mais jouit surtout de l’absence des arrangements plus commerciaux des autres titres. Phoenix, très peu produit, ou du moins beaucoup plus fluide, aura le mérite de diffuser une ambiance plus pure, éthérée, du plus bel effet, d’autant plus par le contraste avec la ponctuation puissante assénée au fil du titre. Luther, a contrario, aura lui tendance à faire étalage d’un gros travail de production. L’introduction est longue, l’ambiance s’installe progressivement. Ainsi les arrangements sont plus diffus, insaisissables, il n’y aura pas de riffs ou de gimmicks en fil rouge, au contraire, ce qui donnera au titre des aspects plus ambitieux et marquants que l’ensemble de l’opus.
En résumé, nous n’avons pas été bouleversés par « Bubble Gum » auquel il manque la petite étincelle. Trop sérieux, trop encarté ? Ce dont on parle se situe quelque part par là. Sans connaître le groupe nous aurions certainement plus appuyé sur les trois meilleurs titres. Mais justement, il serait dommage qu’un groupe avec une telle identité forte ne se résume qu’à un best of, si bon soit-il.
Tracklist
- KITTY KITTY
- Fake It Till You Make It
- Mona Lisa
- I'm Out Of Your Mind
- Pikachu
- Phoenix
- Level Up
- Me Time
- Tie Me Down
- I Wrote That Code
- Luther