Second opus d'un des tenants de l'électro minimaliste.
Accordons à Daniel Woolhouse que son rythme d’écriture et de parution est à l’inverse de sa musique, posée et plutôt lancinante, puisque « Songs », son second album, paraît à peine un an et demi après Life After Defo, disque inaugural du monsieur qu’on connaît sous le pseudo de Deptford goth. Cela peut surprendre tant son univers peut parfois ressembler à un éloge de la lenteur, voire d’une certaine indolence. Une indolence qui, sur ce second opus, devient plus ouvertement de la mélancolie. C’est le premier aspect remarquable sur « Songs ». « Life After Defo » véhiculait volontiers une sorte de désabusement, ou laissait au minimum apparaître son auteur comme quelqu’un d’inhibé et pas franchement prêt à briser l’armure, « Songs » enfonce le clou et s’inscrit tout entier sous le signe du spleen. Conséquence, les petits arrangements catchy et plus enlevés cèdent la place à des climats vaporeux et plus étirés. Cela peut interpeller, sachant que le thème principal de l’album, c’est le mariage et la perspective de passer le restant de sa vie avec l’autre. Pour ceux qui hésiteraient à franchir le pas, pas sûr que « Songs » les stimule…
Deuxième aspect notable, le titre de l’album, à première vue d’une extrême banalité, se révèle en fait une déclaration d’intention. Chercher de petites sonorités, mélanger les textures, tout cela ne semble plus particulièrement intéresser notre homme, apparemment davantage désireux d’habiller à minima ses compositions et de se concentrer sur l’écriture. Quelques plages synthétiques de piano ou autres instruments à cordes, mais avant tout de la sobriété et du dépouillement. Daniel Woolhouse fait toutefois quelques efforts dans le domaine du chant et cherche parfois à le rendre plus prégnant sur We Symbolise ou Do Exist, mais tout cela reste limité, étant entendu que notre homme ne brille pas par ses capacités vocales et doit faire avec. Et il y a des moments où il s’en sort bien, sa diction légèrement traînante et empreinte de failles se révélant bien adaptée pour égrener états d’âme et interrogations propres à une peur des lendemains qui déchantent. The Lovers, avec son synthé un brin dramatique et son texte entre craintes et espoirs, est ainsi extrêmement touchante, tout comme A Circle, qui ne tient qu’à quelques phrases courtes proches de l’incantation et un petit accord de rien, ou encore Near To A River et A Shelter, A Weapon, un petit peu plus oniriques et gracieuses dans leur simplicité. Dans ces moments-là, Deptford Goth apparaît comme un nouveau tenant d’un artisanat moderne mais réduit à l’essentiel et véritablement attachant.
Mais « Songs » souffre aussi de moments où ce minimalisme tourne en rond, où on a plus droit qu’à quelques phrases marmonnées, sans aucun relief, à l’image de The Loop ou Dust. Là, le propos, l’ambiance mélancolique ne suffisent plus et mettent un peu à mal l’ambition, que certains jugeront modeste mais qui ne l’est pas tant que cela, d’aller plus loin dans l’écriture. Résultat, sur ce second album, Daniel Woolhouse fait tantôt un pas en avant tantôt un pas en arrière. Il peut néanmoins se targuer d’avoir mine de rien installé son petit univers dans le paysage et de compter pour de bon parmi nos nouveaux potes.
- Publication 627 vues11 novembre 2014
- Tags Deptford goth37 adventures
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Tracklist
- Relics
- Do Exist
- The Lovers
- We Symbolise
- Code
- The Loop
- A Circle
- Near to a River
- Dust
- Two Hearts
- A Shelter, a Weapon