"Stateless" met fin au carnet de route bien rempli d'Alex Zhang Hungtai alias Dirty Beaches. Cet exilé en quête d'identité a en effet laissé entendre par une série de tweets qu'il en avait fini avec ce projet, mais qu'il reviendrait prochainement en 2015.
C’est à Lisbonne, où cet éternel voyageur a posé ses valises depuis quelques années maintenant, que « Stateless » a été enregistré. Dans cet album, tout est affaire de répétitions, de pur entêtement du déjà existant. Les quatre pistes, construites sur ce principe, développent de véritables tissus sonores qui se stratifient lentement, incarnant des flux en apparence statiques, où l’immobilité apparente devient alors l’occasion d’ultimes changements perceptifs. En résulte une immersion sans précédent, qui trouve son accomplissement dans l’union des timbres entre le saxophone ténor d’Alex Zhang Hungtai et l’alto de l’italien Vittorio Demarin. Dans le titre final Time Washes Away Everything, leur jeu est hésitant, les instrumentistes avancent tant bien que mal en tâtonnant pendant près d’un quart d’heure, peinant tour à tour à clairement s’affirmer, à assumer leur identité.
L’idée de quête identitaire, c’est le fondement même de toute l’œuvre de Dirty Beaches. Ce projet se veut être le récit d’un apatride aux allures de héros romantique, en proie à une mélancolie qui transparaît dans « Stateless » plus que dans n’importe quelle réalisation du compositeur. Le titre éponyme tout comme le vaporeux Pacific Ocean en sont la parfaite incarnation. Et que dire de Displaced qui ouvre l’album de façon magistrale avec son motif staccato au saxophone qui confère au titre une atmosphère hypnotique et cyclique.
« Stateless », c’est donc la fin d’un premier voyage initiatique pour Alex Zhang Hungtai. En tout de même sept albums, difficile de savoir si cet homme en quête d’identité s’est trouvé. Ce qui est certain néanmoins, c’est que le chemin en valait la peine, quand on voit tout le talent de cet artiste, qui en seulement quelques années a offert avec ce projet une réelle cartographie conceptuelle de l’errance en musique. Il faut désormais attendre pour savoir quelles orientations ce compositeur prendra, même si l’on peut déjà en avoir une vague idée avec l’expérimentation nommée Dickie’s Theme qu’il a publié il y a peu.
- Publication 661 vues20 novembre 2014
- Tags Dirty BeachesZoo Music
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Tracklist
- Displaced
- Stateless
- Pacific Ocean
- Time Washes Away Everything