Brent Knopf (Menomena, Ramona Falls) et Matt Berninger (The National) quittent leur territoire pour s'offrir un retour sur la Lune au sein de la navette EL VY. Sympathique mais pas historique...
C’est désormais de notoriété publique. Tout bon musicien/auteur/compositeur/interprète qui se respecte doit, à l’heure où la polyvalence fait rage dans nos sociétés, savoir s’aventurer hors des sentiers battus. À grand renfort de side-projects, supergroupes virginaux ou bodybuildés ou encore d’exils solitaires parfois tempétueux, nombreux sont les artistes qui délaissent momentanément leur confort muni d’un succès relatif ou non à la clé.
Certains tiennent à prouver leurs aptitudes à se régénérer, explorer d’hermétiques pistes ou profiter d’un répit pour briller sous d’autres feux. D’autres y induisent la notion de plaisir, et c’est précisément ce qui se dégage en premier lieu d’EL VY, doublette parallèle formée de Brent Knopf (Menomena, Ramona Falls) et Matt Berninger (The National), amis de longue date.
Mieux, c’est une véritable effusion créatrice qui anime les deux évadés. Tout en s’appuyant une base rock consistante, l’effort d’expérimentation se couple à la volonté de ne pas chuter tête la première dans le marasme conventionnel. Au contraire, l’album est taillé pour l’underground, prêt à écumer les plus petites salles de la planète pour contenter les auditoires avertis. Il s’agit par ailleurs du credo de EL VY, là où leurs groupes respectifs remplissent à la pelle des travées bien plus conséquentes. Se recentrer sur et avec le public, offrir et apprécier des compositions portées par une légèreté philanthrope et partager d’inaliénables moments en toute simplicité.
Si on ne peut s’empêcher d’unanimement saluer le geste, pas sûr en revanche que ce premier essai fasse date, du moins, si l’on ne lui porte pas les lectures attentives et prolongées qu’il requiert. Un certain temps d’accommodation semble nécessaire afin d’en extirper les subtilités, notamment lorsqu’il s’agit d’imprimer chaque piste en mémoire. Là où certaines s’avèrent bigarrées et loin de demeurer imparables (I’m The Man To Be, Silent Ivy Hotel, Sleepin’ Light…), d’autres rehaussent significativement les premières impressions de par leurs charmes instrumentaux, leurs multiples références et leurs chœurs idéalement placés, quitte à y revenir sans culpabilité aucune et, surtout, avec un plaisir croissant (Return To The Moon, Paul Is Alive, Sad Case, Happiness Missouri ou le délicat No Time To Crank The Sun…).
Pour autant, les standards d’un Ramona Falls ou The National paraissent à des années-lumière des morceaux proposés sur l’album. Mais a contrario, peu importe, a-t-on envie de dire. L’intérêt primaire du side-project EL VY ne résidait sûrement pas sur le dessein d’un incontestable succès, ni même d’une galette à classer dans les albums indétrônables du siècle en cours. Tout est ici question de plaisir, une agréable récréation qui parvient, au final, à nous convaincre que voguer sur la Lune vaut parfois bien mieux que de subir sur Terre…
- Publication 910 vues23 novembre 2015
- Tags Brent KnopfMatt BerningerMenomenaRamona FallsThe NationalEL VY4AD
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Tracklist
- Return to the Moon (Political Song for Didi Bloome to Sing, with Crescendo)
- I'm the Man to Be
- Paul Is Alive
- Need a Friend
- Silent Ivy Hotel
- No Time to Crank the Sun
- It's a Game
- Sleepin' Light
- Sad Case
- Happiness, Missouri
- Careless