Parfois, on s'arrête sur un disque parce que la pochette est jolie. Puis on l'écoute, et il arrive que le ramage soit à la hauteur du plumage.
C’est le cas avec le premier EP « Waters » d’Eliza Shaddad, dont l’artwork de Rachel Crowther est particulièrement flatteur.
Un genre de dripping qui oscille entre Debré et Pollock, des teintes aquatiques froides et un effet de matière séduisant qui constituent une belle accroche pour peu que l’on sache voir.
À l’intérieur de cet écrin, se cachent (seulement) 4 titres raffinés. Tout, voix et orchestration, distillent une belle douceur et provoquent un bel émoi.
De Waters à You For Me, nous voilà pris sous le charme de la voix chaude de cette jeune Londonienne aux origines soudanaises et écossaises qui semble posséder le don de transmettre les émotions avec quelques notes. Simplicité des orchestrations, avec principalement les sonorités d’une guitare délicate et des percussions bien maîtrisées, participe à un véritable enchantement du premier au dernier morceau. Chris Bond producteur du 1er album de Ben Howard, semble avoir compris que la tessiture de la voix d’Eliza se suffisait à elle même et ne devait pas être outrageusement accompagnée.
Nous avons échangé avec la jeune interprète et musicienne. Avons parlé, littérature, disques préférés, influences et parcours et nous vous livrons ci-dessous en substance ce qui ressort de cette petite conversation.
Eliza semble accro à l’album « Blue » de Joni Mitchell (1971), c’est celui-ci qu’elle emmènerait sur une île déserte s’il fallait n’en retenir qu’un. Quelques écoutes suffisent effectivement à constater l’influence des chansons et de l’écriture de cette icône folk canadienne sur le travail de la jeune chanteuse.
Évoquer ses origines soudanaises et écossaises n’est pas pour elle un raccourci journalistique pour parler de son travail, ce mix culturel est a contrario, le meilleur angle pour aborder ses chansons et sa musique et il constitue véritablement le melting pot de ses créations.
Eliza a participé en tant que chanteuse, mais aussi parolière au projet, disons électro, Clean Bandit. Cette belle expérience lui a principalement ouvert des portes, mais il s’agissait pour elle clairement d’une étape initiatique, d’un épisode dans une carrière qu’elle a toujours envisagée comme une carrière solo.
À sa connaissance, pas de musicien chez les Shaddad. Eliza est venue naturellement à l’écriture, en écrivant d’abord pour des amis à l’université. Puis alors qu’elle enseignait l’anglais dans une école en Espagne, elle décida de se consacrer entièrement à l’écriture et à la chanson. Elle prit alors le chemin de Londres pour étudier le jazz et commença à se produire en concert.
Quand on lui parle de ses ‘influences, Eliza cite volontiers, Tori Amos, Kate Bush, Nina Simone, mais aussi Deborah Dyer (Skunk Anansie) avant d’évoquer bien entendu Robert Zimmerman et Joni Mitchell. Ce sont clairement les sonorités qui nous viennent en tête lorsqu’on écoute « Waters », mais aussi lorsqu’on s’attarde sur les différentes sessions d’Eliza disponibles notamment sur Soundcloud.
Enfin, Eliza lit beaucoup et ses lectures influencent certainement les textes de ses chansons. Ses auteurs fétiches sont la romancière américaine noire engagée Toni Morrison et Alice Walker une autre romancière féministe américaine à qui on doit « La Couleur Pourpre ».
Voilà, après cette présentation élogieuse du « début » EP « Waters » d’Eliza Shaddad, nous avons l’espoir que vous écouterez et surtout que vous partagerez cette belle découverte.
De notre côté, nous attendons avec impatience un 1er album qui signera le début d’une belle carrière.
- Publication 812 vues29 juillet 2014
- Tags Eliza ShaddadBeatnik Creative
- Partagez cet article
Tracklist
- Waters
- When We
- Alright Again
- You for Me