Enablers

Poêtes de la dissonance.

Quelque part entre Mogwaï et Père Ubu s’est engouffrée une petite bande de ricains… Enablers nous gratifie d’une bande-son cérébrale et dissonante.

Dès les premières secondes, on perçoit vite le leitmotiv, comme une sorte de maniaquerie de l’ambiance. Le groupe s’attache à créer une atmosphère lourde et cristalline, oscillant dans la foulée de la voix. Il y a dans le rendu un petit quelque chose du Zone Libre de Serge Teyssot-Gay, un fond musical dissonant et discret mettant en avant la profondeur des textes.

Ceux-ci, ici, ne sont pas râpés, la voix nous parvient, parlée, déclamée à la manière d’un orateur, on se croirait presque dans une une lecture de prose mise en scène, harmonisée. La musique, elle, est moins acide, plus aérienne que les riffs de STG, plus proche des scottishs post-rockeux sus nommés. Malgré cela, une filiation se dégage réellement avec le projet du cofondateur de feu Noir Désir.

« The Rightful Pivot » se vit comme un voyage lunaire et intérieur, il demande une authentique implication de son auditeur. Il réussit tout de même à transporter sa victime sans qu’elle ne se soit encore penchée sur sa sémantique. Par sa seule force de composition, un post-rock noisy des plus travaillés, et la prestance de la voix, Enablers nous happe dans un monde noir et métaphorique,un monde qui a la forme de son fond.

S’il ne devait en rester qu’un titre : Good Shit