Filago

Un album d'un groupe parisien qui revendique Nick Cave parmi ses influences, ça ne se rate pas.

Citer une personnalité telle que Nick Cave parmi ses influences n’est pas sans risques, sachant l’aura qu’a l’Australien auprès de ses fans et surtout le niveau d’exigence qu’il imprime à chacun de ses albums. N’empêche que, quand on nous a proposé de dévoiler en exclu le titre Rabbit Hutch, que l’on retrouve au début de « Dance Ordinaire », les trois Parisiens nous ont tout de suite été sympathiques. Car, indéniablement, le groupe dégage quelque chose. Il y a un son, déjà, pas forcément facile à classifier, et c’est tant mieux. Car, s’il fallait trouver une filiation avec Nick Cave, elle se ferait davantage dans l’esprit que sur une ligne purement formelle. Ainsi, Filago ne cherchent pas à se démarquer à tout prix, mais plutôt à poser leur singularité en laissant entrer dans leur musique ce qu’ils aiment chez d’autres, par petites touches. Ainsi, chez Filago, on aime ce son direct sans être brut, la voix à la fois chaude et retenue, ce côté liquide, fluide, et en même temps tortueux.

On n’arrive pas à se faire comprendre ? Tant mieux, encore une fois, la musique, bien plus qu’en parler, est faite pour être écoutée, ne l’oublions jamais. On peut en tout cas vous dire que vous aimerez le côté alangui de Warm Winds, la rythmique métronomique, le chant martial et les dissonances en contrepoint sur Radio qui offrent un côté fascinant au morceau, le côté à la fois expérimental et groovy de Fierce Fat Sun, pour ne citer que quelques exemples, sans oublier non plus l’excellent Coco, qui lorgne presque du côté de la pop pour mieux la transcender.

« Dance Ordinaire » est, en toute objectivité, un album important par sa qualité et sa démarche. Un disque toujours mouvant, dense, complexe sans être assommant, un disque qui nous place en terrain connu pour mieux nous emmener ailleurs. Un disque qui se ressent plus qu’il se dissèque, bref, un coup de maître.