"> Firekites - The Bowery - Indiepoprock

The Bowery


Un album de sorti en chez .

Cette année ci est l’équivalent d’une pêche miraculeuse pour Own Records. Le label peut en effet se réjouir d’avoir fait un sans-faute dans le choix des groupes qu’il a décidé d’héberger, et dont les albums sont sortis cette année. Chaque galette, de Squares on both sides à Charge Group, est un diamant, et on assiste, […]

Cette année ci est l’équivalent d’une pêche miraculeuse pour Own Records. Le label peut en effet se réjouir d’avoir fait un sans-faute dans le choix des groupes qu’il a décidé d’héberger, et dont les albums sont sortis cette année. Chaque galette, de Squares on both sides à Charge Group, est un diamant, et on assiste, ému, à l’éclosion ou la confirmation de talents restés trop longtemps dans l’ombre. Cette absence de nos contrées peut être expliqué par la distance géographique, comme c’est le cas pour les Australiens de Charge Group et Firekites, on ne peut que louer la curiosité, laquelle n’est ici en aucun cas un vilain défaut, de la fine équipe luxembourgeoise pour offrir à nos oreilles frétillantes et ébahies la crème du songwriting venu tout droit des antipodes.
 
Ce collectif qui compte également des membres de Charge Group, est un assemblage de songwriters accomplis. En témoigne ce premier album bouleversant, dont le titre se réfère à une ancienne salle de bal, ayant servi de studio d’enregistrement. Sur Last Ships, on est estomaqué par la beauté du geste, ce savoir-faire qui dépasse l’entendement, ces cordes qui semblent mimer le déferlement de larmes que l’on tente de chasser, non sans mal. Tout est là, dans ces quelques minutes innocentes, émouvantes, pétries de bonnes intentions. La maîtrise est totale, tout est mis en place, mais on craque. C’est trop beau pour être vrai. On sait déjà qu’on aura du mal à s’en remettre, alors qu’arrive Autumn Story. Cette ritournelle est si adorable, qu’on aimerait la prendre dans nos bras, comme une tendre enfant. Ces cordes, qui ne sont pas de notre époque trop cynique, sont tantôt chétives, tantôt célestes. Il y a une sincérité manifeste qui explose à nos oreilles, et on se demande quelles sont les vies des membres de Firekites pour saisir à ce point l’essence même de l’émotion à fleur de peau.
 
Après la pause instrumentale de Paris, où il faut noter un savant travail sur la percussion, s’ensuit Same Suburb Different Park. Ce morceau, à plusieurs couches, est tout simplement parfait, de bout en bout. Il y a une énergie qui s’aventure dans cet amas de sons cristallins, avec une once d’electronica, le tout de manière très subtile. Sur By Night, de nouveau ces cordes venues du monde le plus sensible possible, et les deux voix masculine et féminine qui s’enlacent amoureusement. Un autre instrumental, Skimming Rooftops, est un savant dialogue entre guitares acoustiques. Sur Another State, Jane Tyrell chante seule, et sa voix dont on peut enfin cerner tous les contours, est proprement hallucinante, chaude et sensuelle comme jamais auparavant on en a entendu. Affirmée, et mâture, elle laisse percevoir tous les fins éléments de sa composition. Mirror Miracle est encore une fois immense, d’une élégance qui devrait faire pâlir d’admiration pas mal de songwriters. L’album se clôt avec un instrumental, New Year Has Spoken, et on regrette déjà de ne pas pouvoir prolonger la magie qui s’est installée tout au long de « The Bowery ».
 
Dans leur salle de bal désaffectée, ces Australiens ont bâti soigneusement, en véritables orfèvres, un album poignant, riche en détails, mais doté d’une humilité, qui devrait servir d’exemple. Entre une électronica discrète et des arrangements de cordes étincelants, les Firekites ont accouché, sans crier gare, d’un véritable chef-d’œuvre, et tout le reste paraît soudain superflu.

Chroniqueur

La disco de Firekites