Flake Music

Réédition de l'album de Flake Music, une "beta-version" des Shins : découvrez les premiers faits d'arme de James Mercer

La carrière de James Mercer et de son principal groupe The Shins présente une succession de pics et de creux, relief singulier à propos duquel je me risque à hasarder une hypothèse : les baisses de forme relatives de Mercer sont souvent stigmatisées avec plus de virulence que nécessaire, ce que l’on peut voir comme le retour de bâton d’une surestimation probable de ses sommets. Près d’une décennie après ses plus hauts faits d’armes, il semble assez plausible de considérer que Mercer a souvent été porté très haut, trop haut, par ses zélateurs et que les attentes le concernant ne pouvaient donc pas être atteintes, quels que soient les efforts déployés.

En parallèle de ses différents projets (outre les Shins dont le dernier album remonte à 2012 et n’a marqué qu’éphémèrement les mémoires), penchons-nous aujourd’hui sur la réédition de l’album de Flake Music, une sorte de « beta-version » des Shins. Pour l’archiviste fou qui sommeille en certains d’entre nous, le document est intéressant, on s’apercevra notamment que l’album contient un morceau dont le groupe suivant de Mercer tirera son patronyme. Au-delà de l’anecdote, cet album méritait-il réellement une réédition ? En vérité, pas forcément : à mon humble avis, les quelques pépites qu’il contient auraient pu faire l’objet d’un bonus en fin de parcours d’une réédition ou d’un best-of lambda.

Soyons honnêtes, ces proto-Shins ne proposent pas une musique désagréable, loin s’en faut. Le son du groupe accuse son époque (celle de la fin des années 90) mais les compositions, pour la plupart honnêtes, tiennent la rampe. Ce qui frappe cependant surtout, c’est le style de rock un peu rustaud, encore marqué par les derniers soubresauts d’un grunge à l’agonie, que pratique Flake Music et qui n’a guère d’affinité réelle avec le style virevoltant et virtuose de Mercer.

Ce style est déjà très présent sur certaines chansons dont le titre d’ouverture, Spanway Hits, une scie au refrain montagne russe imparable, à siffler sous la douche, dans la rue, dans le métro, au travail… Un sommet, le plus haut de l’album, sans réelle concurrence. Au-delà de cette merveille, le reste de ce bref opus n’est ni honteux ni très enthousiasmant : beaucoup de remplissage (Structo, Deluca …), un autre titre de très haute volée (Mieke) et c’est à peu près tout.

D’une valeur documentaire supérieure à sa réelle valeur musicale, cet unique album de Flake Music permet de déceler les premiers signes du talent de James Mercer, étoile indie intermittente qui allait éclore quelques années plus tard. On en retient donc les meilleurs moments, le reste passera probablement à l’oubli.