Après le succès de leur premier album, les Ecossais avaient choisi la tactique qui consiste à battre le fer pendant qu’il est chaud, sortant leur second opus très vite, réussissant le tour de force d’être présents sur tous les fronts, quasiment sans transition. Cette fois, changement de méthode puisque le groupe a décidé de s’octroyer un […]
Après le succès de leur premier album, les Ecossais avaient choisi la tactique qui consiste à battre le fer pendant qu’il est chaud, sortant leur second opus très vite, réussissant le tour de force d’être présents sur tous les fronts, quasiment sans transition. Cette fois, changement de méthode puisque le groupe a décidé de s’octroyer un long break avant de signer son retour, misant sur une notoriété suffisamment établie. Choix à priori payant puisque leurs prochains concerts affichent déjà complets un peu partout. Ce qui n’empêche pas qu’avec "Tonight", ils doivent répondre aux interrogations quant à leur capacité à renouveler leur formule, à reconquérir leur titre de machine à morceaux fédérateurs imparables.
Premier constat, la troupe d’Alex Kapranos, jusque-là adepte du sprint toutes guitares en avant a choisi de ralentir un peu la cadence, sans pour autant délaisser le côté dansant et tubesque de leur musique. D’entrée, les gars de Glasgow nous rappellent d’ailleurs qu’ils sont les spécialistes des morceaux qui savent rapidement en venir à l’essentiel en faisant tourner des refrains rapidement identifiables. Sur un titre comme Live alone, c’est assez irrésistible, et on se laisse porter avec bienveillance par leur pop hédoniste. Hélas, c’est loin de fonctionner sur l’ensemble du disque. Car on sent le groupe un peu prisonnier de son choix de donner un peu plus d’emphase, de maturité (?) à sa musique, et pas toujours à l’aise, ce qui fait tourner des morceaux comme Bite hard ou What she came for un peu à vide.
Second constat, au niveau du son lui-même cette fois, les guitares qui dictaient leur loi aux compositions du combo ont ici un peu été remisées au second plan pour céder la place à des éléments electro. Evolution logique, sans doute, mais pas toujours réussie. Ainsi, les synthés de Twilight omens ou le final inutilement étiré de Lucid dreams sonnent assez datés et n’ont même pas pour eux l’alibi de la citation à un son d’une autre décennie. Enfin, ce qui gêne un peu ici est la sensation de renversement de tendance : Franz Ferdinand était un groupe qui jouait bille en tête, et cette spontanéité rendait leurs morceaux terriblement accrocheurs. Cette fois, on a le sentiment que la recherche du "refrain qui tue" est un préalable, et le groupe se retrouve prisonnier de ce calcul qui étouffe la spontanéité dans l’œuf. Bien sûr, il s’agit d’un troisième album, et le groupe doit aller de l’avant, mais n’a pas réussi à concilier fraîcheur et évolution vers d’autres horizons.
Faut-il y voir le revers du succès, la prise de pouvoir d’un certain conformisme ? La prudence voudrait que l’on attende un peu avant d’être trop définitif. La fin de l’album nous y incite. Sur les deux derniers morceaux, comme libéré d’une obligation d’offrir le quota de tubes nécessaires, le groupe nous offre deux compositions qui respirent. Katherine kiss me notamment avec sa guitare acoustique toute simple, est une charmante petite balade qui pourrait paraître anodine, mais qui dans l’avenir pourrait se révéler la planche de salut de Franz Ferdinand.
- Publication 443 vues27 janvier 2009
- Tags Franz FerdinandDomino
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Franz Ferdinand sur la route
Tracklist
- Ulysses
- Turn It On
- No You Girls
- Send Him Away
- Twilight Omens
- Bite Hard
- What She Came For
- Live Alone
- Can't Stop Feeling
- Lucid Dreams
- Dream Again
- Katherine Kiss Me