Ames sensibles s’abstenir : le troisième album de Gâtechien risque de traumatiser les oreilles les plus délicates. Le groupe français, à l’origine un duo basse-batterie, s’adjoint sur ce disque le soutien de quelques musiciens pour créer un hardcore sec, minimaliste et efflanqué, sur lequel vient s’appuyer une voix poussée à bout, entre le hurlement désespéré […]
Ames sensibles s’abstenir : le troisième album de Gâtechien risque de traumatiser les oreilles les plus délicates. Le groupe français, à l’origine un duo basse-batterie, s’adjoint sur ce disque le soutien de quelques musiciens pour créer un hardcore sec, minimaliste et efflanqué, sur lequel vient s’appuyer une voix poussée à bout, entre le hurlement désespéré et le râle agonisant.
Gâtechien fait siens les préceptes édictés par Steve Albini sur les albums de Shellac, et évite toute fioritures pour frapper l’auditeur directement au plexus. De fait, « trois » exerce un pouvoir de fascination assez proche de celui d' »At Action Park », mythique album de Shellac – sans toutefois parvenir à l’égaler, convenons-en.
Dès le premier morceau, désigné sur l’album par le titre G Gâtechien se rue sur l’auditeur comme un pitbull enragé, hirsute, les yeux hagards et la bave aux lèvres. Tétanisé par la soudaineté de l’agression, on se laisse surprendre par la morsure, et dès lors, la tension ne retombera pas, ou si peu, pendant la durée du disque (une courte demi-heure). Quelques rares instants de repos laissent entrevoir des mélodies plus identifiables, et ne manquant pas d’efficacité (notamment sur le refrain du dernier morceau, E), mais pour l’essentiel, « trois » est un concentré de haute tension.
Eprouvant, inconfortable, malsain, « trois » est un clou rouillé, prêt à se loger dans le talon de l’auditeur et à lâcher son lot d’infections face à des défenses immunitaires forcément insuffisantes… A condition d’être certain de son vaccin antitétanique, l’expérience est à tenter.
