Ghost Bath

Ouvrez votre esprit et plongez dans les eaux troubles de Ghost Bath ...

Depuis de nombreuses années, divers courants musicaux ont pris pour habitude d’être précédés du terme ‘post-‘ lorsque la musique sort du cadre habituel du genre. Le ‘Post-Rock’ en étant le meilleur exemple. Cela fait maintenant 3-4 ans que le ‘Black-Metal’ a lui aussi son petit frère le ‘Post-Black’. Sorte de Black-Metal plus aérien et atmosphérique flirtant avec le shoegaze. Pourquoi en parler sur un site ‘indie’? Car ce courant touche autant les fans de metal que les fans d’indie, comme nous avons pu le voir en 2013 avec le superbe « Sunbather » de Deafheaven qui fût encensé de toute part mais en divisant malgré tout les ‘métalleux’.

Ghost Bath fait partie de ce nouveau genre et pourrait bien en devenir un des fers de lance au même titre que Deafheaven qui sera d’ailleurs aussi de retour en 2015. À l’origine présenté comme un quatuor Chinois, il s’avère que ce sont finalement des Américains du Dakota du Nord. Le nom du groupe réfère quant à lui au fait de se suicider en immergeant son corps sous l’eau, pas très joyeux, mais cela permet d’appréhender l’atmosphère particulière de l’album. Et d’ambiance il va en être question grâce à leur savoir-faire mélodique et des arrangements au clavier somptueux rendant ce disque particulier.

Après une brève intro plantant le décor, Golden Number s’abat sur l’auditeur avec son rythme black effréné et ses cris lointains. On pense inévitablement à Deafheaven même si, au fil de la chanson, Ghost Bath prend son propre envol. En concluant la piste avec 3 minutes apaisées au rythme d’un piano sorti de nulle part, ils nous donnent des frissons. Dans la même veine, suit Happyhouse qui ne fait pas la dentelle non plus, mais qui garde ce côté mélodique grâce, entre autres, à la guitare aérienne rappelant Agalloch. La fin en arpège est une parfaite introduction à Beneath The Shade Tree et The Silver Flower Pt. 1, deux pistes atmosphériques permettant à l’auditeur de respirer un peu même s’il ne sera pas rassuré pour autant. En effet, l’ambiance reste lourde et nous transporte dans une forêt brumeuse uniquement éclairée par la pleine lune. On faisait bien de se méfier, The Silver Flower Pt. 2 transforme cette petite ballade en course pour sauver notre peau. Cet enchaînement de pistes est tout simplement fantastique. Le disque se finit sur Death And The Maiden chanson la plus dure de l’album qui, si elle n’apporte rien de plus à l’ensemble, permet une nouvelle fois de démontrer le talent du groupe. Seul bémol, une production qui aurait mérité d’être meilleure, mais c’est du détail.

Voici donc un album de grande classe qui malheureusement n’est pas directement accessible. Il faut en effet que l’auditeur peu habitué au style ne se braque pas sur les cris, mais les voit plutôt comme un instrument supplémentaire permettant de renforcer l’atmosphère. D’ailleurs la voix n’est pas mise en avant, mais est au même niveau que le reste. Une fois l’effort fait, une merveille s’offrira à vous.