Créature mondaine, déesse internationale de la nuit circa 78-82 : Grace Jones est un personnage finalement assez mystérieux. Ex-mannequin reconvertie à la chanson, elle continue de hanter l’inconscient collectif grâce à son image, en partie façonnée par Jean-Paul Goude (corps-objet déconstructible à l’infini, précurseur de l’ère photoshop). Musicalement, on la connaît surtout grâce à la bizarrerie […]
Créature mondaine, déesse internationale de la nuit circa 78-82 : Grace Jones est un personnage finalement assez mystérieux. Ex-mannequin reconvertie à la chanson, elle continue de hanter l’inconscient collectif grâce à son image, en partie façonnée par Jean-Paul Goude (corps-objet déconstructible à l’infini, précurseur de l’ère photoshop).
Musicalement, on la connaît surtout grâce à la bizarrerie electro-dub I’ve seen that face before (Libertango), petite perle enregistrée en 1981, belle, sombre et étrange, parfaite bande-son de quelques souvenirs de soirées interlopes. En revanche, l’album "Slave to the Rhythm" (1985) à la pochette mythique, laissera perplexe le mélomane qui le découvrira 15 ans après sa sortie : sorte de musique d’ascenceur à la prétention ampoulée, collection atroce de clichés de production estampillés 80’s, où notre diva se contente de quelques molles apparitions vocales.
En 2008, on n’attendait donc pas grand-chose de Grace Jones. Après 20 ans de disparition totale, elle semblait reléguée pour toujours au rayon "souvenirs kitsch et cultes des 80’s". L’annonce de son come-back, relayé en grande pompe par les Inrockuptibles, laissait de marbre, tout comme la vidéo ultra-moche de son nouveau single.
Contrairement à ce qu’annonçaient les synthétiseurs datés du single Corporate Cannibal (la seule faute de goût ici), la production tient parfaitement la route. Dès This is, le morceau d’ouverture, on est emballé. Certes, le disque est à déconseiller à ceux qui ne jurent que par la sobriété et la retenue indie : par moments, on frise la surproduction, mais cette luxuriance sied au personnage fantasque de la chanteuse. Surtout, ce qui impressionne ici, c’est que Grace chante, comme on ne l’avait jamais entendue auparavant. Ce disque fait passer toute sa discographie antérieure pour une suite de pitreries. Sur le morceau Hurricane (co-écrit par Tricky), sa prestation est bluffante. La technologie y est peut-être pour quelque chose (voix soutenue par divers effets), il n’empêche que cette voix sert merveilleusement de bonnes chansons pop-soul, teintées d’accents reggae (on retrouve la patte des producteurs mythiques Sly & Robbie).
Comme quoi même à 60 ans, il n’est jamais trop tard pour faire ses preuves.
- Publication 584 vues26 novembre 2008
- Tags Grace JonesPIAS
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