Grovesnor

Avec ses mélodies échappées des années 80, le premier disque de Rob Smoughton, le batteur de Hot Chip, est des plus désarmant. Si on écoute avec attention ce « Soft Return », qui porte bien son nom, on croirait entendre un album inédit de Phil Collins, période « No Jacket Required » ; une envie soudaine d’arrêter immédiatement cette musique. Pourtant, est-ce la tentation du mauvais goût, une espèce de curiosité perverse ou le retour du mainstream annoncé depuis si longtemps comme le saint-graal de la musique en 2010, mais l’introductif Turn Your Radio Up, chanté au vocoder se révèle plutôt réussi et pique suffisamment notre curiosité pour que l’on prolonge l’écoute …

Le reste de « Soft Return » continue dans cette même tonalité résolument 80’s et variétés. On imagine alors Patrick Bateman, le serial-killer de Bret Easton Ellis, écouter les mélodies mielleuses de Find A Way to Stop Him ou Dan, tout en aiguisant une hache pour organiser un prochain meurtre, ayant trouvé là le successeur de Huey Lewis And The News … Le plus étonnant étant, que moi aussi je finis par me laisser séduire par ces compositions bien trop sucrées pour être complètement cyniques, la palme revenant à Soft Return, avec son introduction orientalisante, ses claviers too much et trop kitsch, ainsi que ce solo de guitare si daté …

Bien sûr, ça reste léger, et ce « Soft Return » ne restera pas non plus éternellement sur notre platine ; il sera vite oublié une fois écouté. On l’appréciera alors à sa juste valeur, comme une confiserie dévorée sous le coup de la gourmandise, que l’on apprécie sur l’instant, mais que l’on regrette juste après. Il faut dire qu’après avoir consommer quelques bonbons un peu trop sucrés, le besoin de se laver les dents se fait rapidement sentir …