Heartworms

Premier album pour Heartworms, entre deux eaux.

Il faut parfois bien lire les termes. En effet, ceux qui ne sont pas familiers de la musique de Josephine Orme, alias Heartworms, ou plutôt de ses débuts musicaux, puisqu’elle n’avait jusque-là publié qu’un EP et que « Glutton For Punishment » est son premier album, et entendent à son sujet les mots post-punk et gothique associés à sa musique peuvent être quelque peu décontenancés en entrant dans l’album, qui démarre véritablement avec Just To Ask A Dance. Heartworms a en effet quelque peu poli les angles depuis son premier EP et mis l’accent sur le côté « dance » de sa musique. Mais, à l’inverse, ceux qui se focaliseraient trop sur ce terme pourraient eux être pris à rebours par le côté martial et rêche de Jacked.

On tient dans cette dualité l’originalité de Heartworms, projet autant influencé par le Madchester des années 90 que par les ambiances froides et goth du début des années 80 et qui montre déjà qu’entre ses tout débuts et cet album, elle a déjà fait du chemin et sera peut-être encore ailleurs dans quelques années. Ce bouillonnement qu’on sent chez elle, allié à un style parfois presque parlé chanté modulé par une voix qui peut se faire enjoleuse et sucrée le temps d’un Extraordinary Wings après avoir été rageuse et âpre sur Mad Catch fait de Heartworms une grande révélation, ou confirmation, de ce début d’année.

S’il fallait émettre une réserve, ce serait peut-être sur le potentiel d’amélioration que l’on sent possible en termes d’écriture, quelques morceaux tombant parfois dans une redondance quand la même phrase est répétée à l’envi. Mais l’élégant Extraordinary Wings, le puissant et fédérateur Warplane, le planant Celebrate suffiront à confirmer l’éclosion d’un grand talent. Et quand, pour refermer l’album par le morceau-titre, c’est, contre toute attente, une guitare acoustique qui donne le tempo pour soutenir un grand numéro vocal, on se dit qu’avec Heartworms, on devrait encore avoir quelques belles pages à parcourir à l’avenir.