"> Hospitality - Trouble - Indiepoprock

Trouble


Un album de sorti en chez .

7

A l'heure où notre société se déchire sur des sujets aussi divers que brûlant, l'hospitalité musicale proposé par ce trio américain, pourtant délivrée sur fond de turpitudes intérieures, semble tenir d'un véritable petit miracle...

En cette période morose où tout est prétexte à défendre ses opinions idéologiques, battre le pavé en signe de contestation ou encore se relier à tout acte anti-système, la musique reste une excellente thérapie pour ne pas sombrer dans le délit ignominieux, voire, de conserver ses distances avec l’hostilité ambiante, l’œil extérieur et le casque sur les oreilles. Il n’est pas ici question de se couper du monde ni de vivre paisiblement en autarcie, mais le cœur y est. Surtout lorsqu’il s’agit d’aller prospecter sur les plateformes d’écoutes pour tenter de dénicher une énième pépite sonore, inéluctable refuge afin de prétendre à un soupçon d’évasion, et se retrouver les tympans en alerte avec un nouveau morceau d’un rock-band à l’intonation aussi généreuse que « Hospitality », rien ne semblait être en mesure d’empêcher notre curiosité de s’enrichir de cet enthousiasme certain. En effet, la piste en question répondant au titre I Miss Your Bones déploya en début d’année sa fraîcheur insoluble, sa spontanéité et ses riffs accrocheurs comme par enchantement, le genre de prélude idéal pour annoncer au passage la sortie d’un deuxième effort mis en boîte par le trio américain.

Conditionné par sa récente installation du côté de Brooklyn, Hospitality lance cette année le successeur de son premier album éponyme dans le grand bain. Plutôt bien accueilli par la critique outre-Atlantique, l’effort préliminaire du groupe paru il y a deux ans offrait une immersion dans un indie pop léger et cavaleur, porté par les compositions et la voix frivole de sa leader originaire du Kansas et institutrice à ses heures perdues, Amber Papini. Premier constat, ce nouvel opus recèle des textes plus ombrageux, invoqués non seulement par le caractère critique son intitulé (« Trouble ») mais aussi par la volonté d’Amber Papini de densifier le contenu de son écriture, avec des thèmes aussi hermétiques que la peur, la solitude ou le silence.

Cette évolution notable va également de pair avec des partitions instrumentales plus denses et davantage hétéroclites, réduites au simple élancement acoustique (Call Me After, Sunship) ou délivrées dans un tourbillon de rock vintage, nichées entre un semblant de cold wave (Nightingale, Rockets & Jets) et de soft-rock (Sullivan, It’s Not Serious) et où l’électronique vient parfois s’ajuster avec finesse et modernité (Inauguration, Last Words et sa rythmique pour le coup plutôt new wave). Si l’enchaînement de ces références pouvait risquer de nuire à la fluidité de l’ensemble, celui-ci conserve le mérite de s’accoutumer rapidement à nos tympans sans noircir véritablement le trait névrotique prétendu dans ses grandes lignes. Spéculer qu’il s’agirait là de l’incartade principale de « Trouble » semblerait osé, cependant, se surprendre à tapoter du pied au sol à la lecture de Going Out (et ses dernières notes funky) ou se retrouver embarqué dans un solo d’air guitare sur I Miss Your Bones n’aurait en rien l’air d’un euphémisme.

Moralité, malgré les âpretés du processus de création dont l’album ne cesse de faire référence, celui-ci se révèle étonnement accueillant et beaucoup moins stérile qu’il n’en paraît, du moins dans sa texture instrumentale. Accueillant, justement, comme Amber Papini, qui nous a gentiment accordé une interview (à lire ici) pour l’occasion. Accueillant comme le sens primitif de l’hospitalité, une valeur humaine à la dérive, mais qui, sans le moindre doute possible, leur sied définitivement à ravir…

 

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Tracklist

  1. Nightingale
  2. Going Out
  3. I Miss Your Bones
  4. Inauguration
  5. Rockets and Jets
  6. Sullivan
  7. It's Not Serious
  8. Last Words
  9. Sunship
  10. Call Me After

La disco de Hospitality

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