Jackson and his Computer Band

L’électro de Jackson est un constant fourmillement de sons, de cliquetis, de grincements, de gargouillis, un téléscopage absolument chaotique de rythmes imprévisibles. Cette surenchère dans le collage évoque parfois The Avalanches, mais des Avalanches moins ludiques, plus froids et cérébraux. Disons alors que la musique de Jackson pourrait être le fruit d’une hybridation sauvage entre […]

Certes, on n’a pas affaire à de l’easy-listening : quelques écoutes attentives seront nécessaires pour appréhender l’objet ; une oreille distraite sera surement submergée par la densité de l’ensemble. Mais mis à part quelques passages trop hérmétiques, Jackson a réussi à rendre son univers largement accessible, et ce n’est pas là le moindre tour de force réalisé sur « Smash ». Album exigeant, il recèle quantité de trouvailles qui sonneront comme autant de récompenses pour l’auditeur persévérant.

De ce foisonnement nait parfois une étrange et inquiétante beauté, comme sur Oh Boy, où une voix enfantine vient se superposer de façon étonnamment naturelle à l’environnement robotique. Quelques tubes improbables viennent même imposer leur évidence tordue, contre toute attente. On pense notamment au cyber-funk fou de Rock On, dont les rythmes hoquetants évoquent la marche contrariée d’un androïde remonté à l’envers, et donnent une furieuse, une curieuse envie de se lancer à son tour dans une gigue saccadée. Radio Caca, ultime morceau de l’album, clôt la marche sur une note diablement efficace.

Ambitieux, parfois effrayant, Jackson désarçonne l’auditeur, prend un malin plaisir à déjouer tous ses repères pour mieux imposer la splendeur cabossée de son métissage cybernétique. Un pari fou mais largement réussi!