Verbe acéré sur fond de douce sonate, Klo Pelgag déploie son piège...
Klô Pelgag est une Québécoise passionnée depuis très jeune par de nombreuses expressions artistiques (graphiques, littéraires ou musicales). C’est bardée de récompenses en tout genre qu’elle se fait connaître avec son premier album « L’Alchimie Des Monstres » en 2013. Elle nous est donc revenue en 2016 avec « L’Étoile Thoracique », un album riche en influence et en sens.
Tout d’abord, la jeune fille fait clairement étalage d’un spectre musical extrêmement large balayant musique classique, pop, folk toujours avec un sens ambitieux de l’orchestration. On sent de fait une maîtrise technique dans la composition presque bluffante. Celle-ci est poussée à une extrême telle qu’on pourrait à certains moments, lui reprocher un manque d’irrégularités, celles qui donne la saveur d’une oeuvre artistique. Le Sexe Des Étoiles et sa fausse linéarité légère symbolisent parfaitement ce que l’on avance, avec sa rencontre de mondes musicaux maîtrisée avec brio. D’autres morceaux tels que Au Bonheur d’Edelweiss beaucoup plus épurés auront peut-être tendance à montrer un peu plus la sensibilité de l’artiste, son final impromptu nous déstabilise encore rien que d’en parler…
En dehors de ce talent impeccable de compositrice, Klô Pelgag peut se targuer d’un organe vocal aussi désarmant. On pense assez naturellement à Liz Fraser (Cocteau Twins) et son classicisme très coldwave. La chanteuse, encore une fois, fait preuve d’une maîtrise impressionnante de ses capacités, très larges, à tel point qu’on a l’impression d’être à l’écoute d’une pièce musicale baroque, tant la chanteuse conte avec ça voix. Si celle-ci n’entonnait que des onomatopées, la sensation en resterait identique.
Mais voilà, il ne s’agit pas d’onomatopées, et s’il y a un biais particulier par lequel cet album nous a touchés, c’est bien par les textes. Emprunts d’une poésie à la fois légère et organique (« j’ai percé mes paupières pour regarder tout ce que je ne peux pas voir quand j’ai les yeux fermés« ), les mots et leur agencement pourtant si doux frappent comme des réelles punchlines. Des punchlines d’un autre monde, celui d’un adulte resté enfant, maîtrisant le verbe sans n’avoir jamais oublié le rêve. Formant souvent un oxymore avec la musique, la noirceur de certaines paroles prend de l’ampleur à la mesure de la délicatesse de l’accompagnement. Quel meilleur exemple que Au Musée Grévin pour représenter notre propos. Véritable bijou tant musical que sémantique, ce type de morceaux nous montre qu’il est encore possible d’être un musicien francophone ambitieux tant dans la composition musicale que des textes.
Klô Pelgag est sans aucun doute une artiste exigeante envers elle même. Alors, il est vrai que nous avons clairement été subjugués, happés, par le talent de l’écrivaine, mais, on a à faire également à une musicienne et interprète de haut vol. Nous avons, peut-être parfois été lassé de l’aspect « performance vocale » de l’album, mais il faut reconnaître que le contre poids que cela donne aux textes fait parti d’une des nombreuses forces du disque.
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- Publication 1 097 vues16 février 2017
- Tags Klô PelgagCoyote
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